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Faire grandir la solidarité avec les peuples de Turquie

Après la victoire de l’AKP au scrutin législatif de novembre 2015, des éditorialistes s’interrogeaient sur ce que Recep Tayyip Erdoğan allait faire de sa victoire. Il n’aura pas fallu attendre longtemps pour que s’accentuent la terreur et le chaos.

 

Pris dans l’hubris d’un pouvoir qu’il veut sans partage, il ne s’est pas embarrassé de fioritures pour relancer son projet de réforme constitutionnelle. Il a récemment fait explicitement référence au nazisme comme source d’inspiration afin d’établir un régime autocratique dans le cadre d’une hyper-présidentialisation centralisée sans contre-pouvoir. Or il sait que la moitié du pays rejette cette perspective et qu’il ne dispose pas au parlement d’une majorité suffisante pour commettre cette forfaiture. Pour ces raisons, il poursuit sa stratégie de polarisation et de violence exacerbée qui lui a si bien réussi lors de la dernière consultation afin de gagner le soutien de l’extrême droite avec laquelle il négocie. Dans un contexte régional aggravé, RT. Erdogan enfonce son pays dans la guerre civile.

Crimes quotidiens contre les Kurdes

Après avoir rompu unilatéralement le processus de paix, les Kurdes sont à nouveau désignés comme les ennemis de l’État. RT. Erdogan entend les châtier pour leurs succès électoraux, pour leur aspiration à faire reconnaître simplement le fait kurde mais aussi pour leur refus de se mettre au service du conservatisme et de l’islamisme de l’AKP. Depuis six mois, la guerre et la mort ont fait leur retour au cœur des villes du Kurdistan. Les attentats de Diyarbakir, Suruç et Ankara ont endeuillé le pays et semé la stupeur devant le retour du terrorisme d’État. De vastes opérations militaires mobilisent six généraux, 10 000 soldats, des blindés et l’aviation. Les villes de Cizré, Silopi, Yuksekova, Varto, Nusaybin sont sous couvre-feu alors que deux districts de Diyarbakir subissent un état de siège privant ces municipalités de communications, d’eau et d’électricité. Sur ordre du gouvernement, 3 000 enseignants ont dû quitter leur établissement interrompant la scolarité de plusieurs milliers d’enfants. L’objectif revendiqué est de réaliser « un grand nettoyage » et d’éradiquer le PKK. Les affrontements quotidiens ont provoqué à ce jour la mort de centaines de civils, des milliers de blessés, des arrestations innombrables ainsi que le déplacement de 200 000 personnes fuyant les combats. RT. Erdogan tente également de décapiter le HDP. Son coprésident, S. Demirtas, qualifié de « traître » et qui vient d’échapper à une tentative d’assassinat, est désormais poursuivi pour « crime constitutionnel » pour avoir évoqué une autonomie kurde. Les crimes contre l’Humanité commis au Kurdistan du Nord plongent la Turquie dans la plus grande crise de son histoire récente. Ankara n’a jamais pu régler la question kurde par la force et cette perspective est rendue illusoire devant la montée en puissance des Kurdes d’Irak et de Syrie.

Impunité de RT. Erdogan

Les droits humains sont partout menacés, la démocratie bafouée et le crime institutionnalisé pour faire taire les opposants qualifiés de « terroristes ». Dernièrement, Tahir Elçi, bâtonnier de l’ordre des avocats de Diyarbakir était abattu dans un rassemblement. Quatre journalistes syriens qui dénonçaient l’État Islamique (EI) et ses liens avec le régime de RT. Erdogan ont récemment trouvé la mort.
La mainmise de l’AKP sur l’appareil d’État, la police, la justice se renforce alors que la répression contre la presse indépendante se durcit. Le directeur du quotidien Cumhuriyet, Can Dündar, et le responsable de la rédaction d’Ankara, Erden Gül, risquent vingt ans de prison pour avoir publié des photos montrant la livraison d’armes en 2014 par les services turcs à l’EI en Syrie. L’engrenage vers le pire est désormais enclenché car RT. Erdogan ravive partout les tensions entre Turcs et Kurdes, islamistes et laïcs, sunnites et alévis. Pendant ce temps, la France, l’Union européenne et l’Otan passent sous silence ces crimes et continuent à apporter leur soutien à RT. Erdogan.

La solidarité avec les peuples de Turquie doit grandir afin que cessent les opérations militaires, que s’ouvrent à nouveau des négociations de paix et pour que les droits humains et la démocratie soient respectés en Turquie.

Pascal Torre
Membre de la commission des relations internationales du PCF
article paru dans le dossier de la LRI janvier-février 2016

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Faire grandir la solidarité avec les peuples de Turquie

le 19 février 2016

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