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Repenser l’Aide publique au développement : une urgence

La fondation Gabriel Péri et le Réseau des partenaires de la région de Kidal tenaient mardi 28 janvier 2014 à la Maison de l’Afrique la dernière conférence du cycle sur l’espace sahélo-saharien, consacrée à l’impact et la gestion de l’aide au développement et des politiques de coopération dans la région.
La paix et la sécurité ne peuvent survenir sans développement. L’urgence est à organiser sa relance en tirant les leçons du passé : l’économie rurale, l’élevage et l’agriculture doivent être prioritaires dans les chantiers de l’aide, comme le soutien à la décentralisation et le renforcement des appareils d’État ; les femmes et la jeunesse doivent être prioritairement ciblées.
Or, l’Aide publique au développement de la France n’est pas à la hauteur de ces enjeux. Elle est enjolivée, gonflée artificiellement par une série de mécanismes (réduction de dettes, etc.).
Les montants réellement alloués au terrain sont très faibles ; l’Agence française de développement qui pratique les prêts concessionnels attend des projets rémunérateurs, préfèrant les pays émergents aux pays de la région ; les bailleurs multilatéraux auxquels la France a délégué ses financements proposent peu de projets adaptés aux défis socioéconomiques du Sahel.
Il faut donc remettre le Sahel en tête des priorités, constituer un fonds multi bailleurs qui associe les pays du champ, et permettre à la France qui a une expérience solide dans la région, de reprendre la maîtrise sur les orientations, notamment au sein des institutions internationales et à Bruxelles.
Enfin, le Mali doit rapidement consolider une structure de coordination de l’aide.
Jusqu’à la crise de 2012, les investissements au Nord Mali ont été principalement le fait de l’Aide publique au développement avec peu de résultats en raison des détournements, mais surtout des délais trop longs entre l’approbation des projets et leur exécution, l’inadaptation des projets (élevage délaissé au profit de l’hydro-agricole), la faible capacité d’absorption des acteurs locaux.
Enfin, les effets pervers de l’aide ont été soulignés.
Le développement des grandes infrastructures favorise les importations au détriment des économies et productions locales. Les prêts alourdissent le fardeau de la dette en imposant des conditionnalités impossibles.
Près de 80% des fonds passent dans des frais de structures, alors que la participation des populations locales à l’élaboration et l’exécution des projets n’est pas une priorité.
C’est toute la cohérence des politiques qui est en question.
A l’heure où la France installe pour longtemps un réseau militaire dans la région, les montants de l’APD baissent, ni les priorités thématiques, ni le Sahel, ni le Mali n’apparaissent suffisamment dans le projet de loi pour le développement qui sera prochainement débattu au parlement.
Par ailleurs, l’État chercherait-il à se décharger sur les collectivités territoriales en leur faisant jouer un rôle plus important au titre des coopérations décentralisées alors que leurs finances sont de plus en plus contraintes ?
par Chrystel Le Moing
collectif Afrique
international@pcf.fr
 

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le 18 février 2014

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