Depuis la mi-décembre 2019, la province d'Idlib doit faire face à une offensive combinée de l'aviation russe, des milices iraniennes et du régime de Bachar al-Assad. Cette région où vivent plus trois millions de personnes, souvent des déplacés, est tenue par un éventail de groupes djihadistes forts de 20 à 25 000 combattants affiliés pour la plupart à Hayat Tahrir al-Cham (Al Qaïda). Les accords de Sotchi de 2018 entre Ankara et Moscou prévoyaient le désarmement de ces seigneurs de guerre obscurantistes soutenus par le régime turc. R.T. Erdogan a non seulement conforté leurs positions mais a dépêché son armée et une kyrielle de mercenaires pour annexer ces territoires qu'ils entend transformer en "djihadistans".
Ces derniers jours, une nouvelle escalade meurtrière oppose frontalement Damas et Ankara avec l'aval de Moscou. Des soldats, de part et d'autre, ont trouvé la mort dans des affrontements alors que des avant-postes turcs sont désormais encerclés. En mauvaise posture, R.T. Erdogan, plus belliqueux que jamais, a diligenté des renforts et menace de frappes afin de préserver sa zone d'influence syrienne.
Dans cette fuite en avant, D. Trump vient d'offrir ses services à la Turquie pour un nouvel embrasement afin de renverser la dictature de Bachar al-Assad, de contrecarrer l'influence russe et iranienne. En aucune manière, la France et l'Union européenne ne doivent emboîter le pas de cette surenchère apocalyptique.
Ces puissances qui s'affrontent sur le terrain syrien, occasionnant des destructions incommensurables, sont indifférentes à la catastrophe humanitaire. Les bombardements, les violences djihadistes et les combats ont fait des centaines de victimes et jeté sur les routes 700 000 civils depuis décembre qui se dirigent vers la frontière turque fermée par un mur. Parallèlement la Turquie poursuit le nettoyage ethnique des régions kurdes conquises (Afrin et frontière nord) dans une débauche de violence inouïe.
Les stratégies militaires et de coercition ne cessent d'aggraver le chaos et les souffrances du peuple syrien tout en créant les conditions d'une enracinement durable du terrorisme. Cette autre Syrie libre et démocratisée, bâtie par les forces kurdes et les forces syriennes démocratiques, constituait bien une issue pacifique au conflit. Les Kurdes ont été trahis par les Américains et lâchés par les Russes.
Il est urgent d'obtenir un cessez-le-feu, l'acheminement de l'aide humanitaire, la protection des populations civiles, l'organisation des secours aux blessés et la garantie effective d'un accueil digne des réfugiés dans les pays limitrophes comme en Europe.
Il faut agir vite et à la hauteur de la crise qui se déroule sous nos yeux. Il s'agit d'une responsabilité morale et politique. Fondamentalement, dans un monde inclusif, interdépendant et mobile ce n'est plus à la puissance brutale de faire la loi. Les Syriens doivent retrouver la paix et la maîtrise de leur avenir.
Parti communiste français,
Paris, le 13 février 2020.
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