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Séminaire GUE-NGL: «The European Union - developments and constraints to sovereign development and social progress: the necessary response»

Lisbonne, 22 mars 2019

« The European Union - developments and constraints to sovereign development and social progress: the necessary response»

Intervention de Lydia Samarbakhsh, responsable à l'International du PCF

 

Cher-e-s camarades,

Je tiens d'abord à remercier la délégation portugaise du PCP à la GUE-NGL pour cette invitation et la direction du PCP pour l'organisation de notre séminaire de cet après-midi.

Nous voici à quelques semaines seulement des prochaines élections européennes dans un contexte de crise politique aggravée en Grande-Bretagne déchirée par la perspective du Brexit et cela au cœur d'une crise existentielle de la construction néo-libérale européenne.

Les peuples des pays membres de l'UE ont vu leurs conditions de vie se dégrader à chaque avancée des orientations austéritaires et de leur mise en concurrence au sein de l'espace européen. Notre tête de liste Ian Brossat le mentionnait dans sa lettre ouverte à Emmanuel Macron : l'UE des marchés et de la « concurrence libre et non faussée », ce sont 15 % des jeunes Européens de moins de 25 ans qui sont au chômage ; ce sont 17 % de la population européenne, c'est-à-dire 87 millions de femmes et d'hommes, qui vivent désormais avec un revenu inférieur au seuil de pauvreté. En Allemagne, dans ce pays brandi comme un modèle ce sont maintenant près d’un habitant sur cinq qui vit sous le seuil de pauvreté. Le nombre de travailleurs pauvres a augmenté dramatiquement en 10 ans, passant de 7 à 10 % de la population alors que, dans le même temps, les richesses créées par les travailleurs européens sont passées de 15 000 milliards d’euros à 17 200 milliards d’euros.

En France, la politique d’Emmanuel Macron, c’est la stricte obédience aux réformes structurelles de régression sociale et démocratique engagées par la « gouvernance » actuelle de l’UE : la « loi travail » qui met en cause les conventions collectives, la non augmentation du salaire minimum, l’attaque contre les systèmes de retraite et de santé publique ; c’est aussi l’application brutale de la réforme de l’assurance chômage (selon la CGT, plus de 11 millions de travailleuses et travailleurs  subissent le travail précaire et le non-emploi imposés par le patronat et le gouvernement) ; et maintenant s'engage une nouvelle réforme de la protection sociale avec de nouvelles menaces sur l'âge de départ en retraite pour compenser la création d'une nouvelle branche.

Telles sont les conséquences des politiques d’une UE totalement vouée à la finance des marchés et la libre concurrence capables de précipiter les peuples dans de nouvelles crises bien pires que les précédentes.

Oui, c'est bien la question sociale et la question démocratique, ensemble, qui sont au cœur de cet affrontement entre forces du marché, multinationales, classes dirigeantes européennes d'un côté, et peuples et travailleurs d'Europe, de l'autre. L'enjeu européen est à n'en pas douter l'un des grands combats de classe de notre époque.

Souveraineté populaire, souveraineté nationale et émancipation humaine et sociale sont indissociables ; de même qu'en face, la dictature des marchés va désormais de plus en plus de pair avec l'autoritarisme ou la dictature tout court.

« Le vrai changement, rappelait Francis Wurtz toujours à Emmanuel Macron, serait de pouvoir choisir librement, non pas seulement ses gouvernants, mais sa politique alors que les règles européennes actuelles imposent l’ordre néo-libéral quelle que soit la majorité au pouvoir ».

Au fond, quelles que soient ses contradictions et ses limites, que dit la mobilisation des Gilets Jaunes en France depuis 4 mois si ce n'est qu'exigences de progrès social et économique pour les producteurs eux-mêmes et exigences démocratiques sont devenues incontournables. Dans tout le pays, des mobilisations portent ces exigences en tête de leurs luttes, et la remarquable réussite de la journée de mobilisation du 19 mars en particulier des salariés de la Fonction publique, personnels de santé et enseignants montre l'étendue de l'exaspération sociale en France.

Forces libérales, conservatrices et d'extrême droite nationale-libérale – qui, soit, restent sourdes à cette mobilisation, soit cherchent à la dévoyer – organisent en France le débat politique et la compétition électorale de mai entre elles seules et de manière exclusive ; cet étau alors que le pays bout de colère éloigne toute perspective de progrès facilitée par notre échec à rassembler nos forces à gauche. Les bourgeoisies européennes cherchent à mettre les peuples européens devant un dilemme : « Ou bien vous subissez l’austérité sans fin, ou bien ce sera le repli xénophobe ». Et c’est ce chantage que nous cherchons à déjouer.

Dans ce contexte, le PCF – comme il l’a fait avec constance et ténacité bien avant Maastricht – continue de porter l'ambition du rassemblement pour des ruptures fondamentales avec l'UE libérale.

Nous remettons en cause le corset des traités européens, celui du pacte budgétaire qu'il faut abroger, nous remettons en cause le dogme des 3 % et de l'ensemble des mécanismes de contrôle par la Commission européenne des budgets nationaux (6-pack, 2-pack, semestre européen...), nous refusons le chantage à la dette et nous portons au contraire l'idée d'une redéfinition complète de la BCE pour placer son pouvoir de création monétaire sous contrôle politique, sous contrôle démocratique des parlements nationaux et européens, et au service de politiques structurelles de développement, de progrès social et de transition écologique. Nous remettons en cause le fait que pour les classes dirigeantes européennes, l’euro ne soit pas simplement une monnaie mais « un projet économique et social » et un projet politique, un projet de société (Lettre des 5 présidents de 2015).

Parce que nous sommes profondément internationalistes, nous cherchons à allier en permanence une critique radicale et sans concession, depuis son origine, de la construction capitaliste de l'UE, à la perspective de l'émergence d'une « Union de peuples et nations libres, souverains et associés » au service des intérêts populaires, des travailleurs, de la transformation sociale, de l'émancipation humaine, de la paix et de la solidarité internationale et sans qu'aucun peuple, absolument souverain, ne puisse se voir imposer le modèle de société dans laquelle il veut vivre.

Nous voulons, en particulier, que notre pays rompe un alignement atlantiste renforcé, et qu’il œuvre pour la dissolution de l’OTAN et la création d'un nouveau cadre commun de coopération et sécurité collective pan-européenne, au-delà des limites actuelles de l'UE, et prônant l'ambition de faire de notre continent un continent dénucléarisé en signant et ratifiant le TIAN.

Cette Union, nous proposons aux peuples et travailleurs de l'élaborer eux-mêmes ensemble par l'engagement de toutes et tous, et celui des forces progressistes, organisations syndicales, associations et ONG, associations d’élus, réseaux citoyens, agissant pour transformer l’Europe.

Nous venons de rendre publiques 10 propositions pour la France et nous mettons la dernière main à une plate-forme de 6 propositions pour l'Europe qui mettent en lumière les nouvelles coopérations européennes qui pourraient être mises en œuvre par une telle « Union de peuples et nations libres, souverains et associés ».

A chaque question posée, nous illustrons par des propositions concrètes ce que des coopérations véritables entre peuples et nations d'Europe, et avec ceux des autres continents, constitueraient comme réponses adéquates aux enjeux sociaux, économiques, démocratiques, écologiques : depuis le prélèvement à la source des bénéfices des multinationales, d'une « COP » de la justice fiscale et sociale, la proposition d'un Fonds européen de développement social et écologique, d'un fonds pour le climat associé à une BCE refondée et mise sous contrôle démocratique.

Comme nous l'analysions dès la rédaction de notre proposition d'un nouveau projet pour l'Europe, en 2013 : l'objectif d’une Union européenne « refondée » ne peut en aucun cas être celui d'une « adaptation à la mondialisation capitaliste », mais au contraire la protection et la promotion des citoyens des pays membres contre les effets pervers de cette mondialisation sous domination des marchés et multinationales.

Construire une « Union » coopérative et solidaire en son sein comme à l'international, c’est s’entraider afin de promouvoir l’emploi stable et qualifié, de développer la recherche et la formation pour toutes et pour tous, de stimuler un essor des services publics, d’organiser des coproductions industrielles équitables s’inscrivant dans la transition écologique et dans un développement humain durable ; de trouver les réponses efficaces pérennes aux défis du réchauffement climatique, aux enjeux migratoires, à la lutte contre les paradis fiscaux qui appellent des solutions européennes et globales.

C’est aussi s’employer à réduire les inégalités de développement entre nations associées, donc à bannir les rapports de domination entre pays membres d’une « Union » digne de ce nom. Un tel basculement ne se produira que par les luttes et le combat politique pour amorcer de profondes ruptures et transformations.

Les luttes pour la promotion du plein emploi dit « travail décent », d'un salaire minimum ; d'une protection sociale de haut niveau pour tous ; pour la réduction du temps de travail et la sécurisation des parcours professionnels s'inscrivent dans cette perspective. De ce point de vue, je vous invite à prendre connaissance du bilan de nos député-e-s de la GUE-NGL qui sans faillir ont porté le fer au Parlement, fait résonner les voix et revendications populaires des travailleurs et citoyens au sein de l'hémicycle et même été aussi capables de construire par leur vote des majorités pour contrecarrer les politiques libérales.

Mesurons, malgré les difficultés et les obstacles, le chemin parcouru en moins de 10 ans pour des forces comme les nôtres. Au cœur de la crise désormais, l'idée que les droits fondamentaux doivent prévaloir sur les intérêts économiques des actionnaires a progressé, peut-être même est-elle en passe d'être majoritaire lorsque l'on voit le mouvement de rejet des pratiques d'optimisation et fraude fiscales ; de même le front de lutte contre le dumping social et pour la promotion de droits et pouvoirs nouveaux pour les travailleurs s'est élargi ; l'ambition d'une politique industrielle européenne et un plan de relance de l’économie et de l’investissement public qui ouvrent les chemins de la paix et de la sécurité humaine collective est dans tous les consciences.

C'est dans cet esprit que nous participons à tous les espaces et cadres d'échange et d'initiatives qui permettent de dessiner les contours et objectifs d'une construction régionale fondée par et pour les peuples et travailleurs d'Europe et qui visent à construire des majorités de luttes et d'idées porteuses d'amorce de transformation de l'ordre existant.

Nous continuerons de le faire au sein de la GUE-NGL où, avec 24 partis de gauche, communistes et écologistes nous appelons à voter aux élections européennes pour une Europe sociale et démocratique, des peuples et des travailleurs, avec nos partenaires et amis du PGE, et nous participerons de tous les espaces tels que ce séminaire ou le Forum européen de novembre prochain à Bruxelles pour donner plus de forces à nos combats communs et à chacun dans nos pays.

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Séminaire GUE-NGL: «The European Union - developments and constraints to sovereign development and social progress: the necessary response»

le 28 March 2019

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