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Brésil. Dilma Rousseff prête à mener la seconde manche

La chef de l’État devait s’exprimer hier au lendemain du vote controversé du Parlement en faveur de sa destitution.

La Présidente brésilienne Dilma Rousseff devait s’exprimer hier au lendemain de la gifle infligée par les Députés, qui ont ouvert la voie à sa destitution par le Sénat à une écrasante majorité.

L’impopulaire dirigeante de gauche de 68 ans va, selon toute évidence, dire qu’elle se battra jusqu’au bout. Mais après la déroute de dimanche, son mandat ne tient désormais plus qu’à un fil. D’autant que l’étape suivante au Sénat se présente déjà mal pour Dilma Rousseff, victime d’un coup d’État civil sous couvert de lutte anti-corruption. Un vote à la majorité simple des sénateurs (41 sur 81), qui interviendra probablement dans la première quinzaine de mai, suffirait à prononcer sa mise en accusation pour « crime de responsabilité » et à l’écarter du pouvoir pendant au maximum six mois en attendant le jugement final. Or, selon les enquêtes effectuées auprès des Sénateurs par les grands journaux brésiliens, l’opposition compte déjà largement sur les soutiens suffisants pour l’ouverture de cette farce de procès. Elle peut déjà tabler sur 44 votes selon le quotidien O Estado de Sao Paulo, 46 selon O Globo et 47, selon Folha de Sao Paulo.

Écartée du pouvoir, Dilma Rousseff verrait son ancien allié centriste et désormais rival, le Vice-Président Michel Temer, 75 ans, assumer immédiatement ses fonctions par intérim alors qu’il est, lui, directement cité dans le méga-scandale Petrobras. Pis, si Dilma Rousseff était par la suite définitivement destituée, Michel Temer resterait au pouvoir jusqu’aux prochaines élections générales prévues en 2018.

Pression du milieu économique

La large victoire du « oui » à l’« impeachment » de la Présidente occupait hier toute la « une » des quotidiens, dont les patrons sont acquis à la cause anti-gouvernementale. L’interventionnisme économique de Dilma Rousseff lui a aussi mis à dos les puissants secteurs économiques, de l’agro-alimentaire à l’industrie, qui sont, de fait, rentrés dans la bataille. « Nous appelons le Sénat fédéral à poursuivre les actions entreprises jusqu’à présent, dans le sens des changements souhaités par la société », a ainsi écrit lundi la puissante Confédération nationale de l’agriculture (CNA).

Mais la bataille n’est pas encore finie, même s’il « est difficile que le Sénat aille à l’encontre de la décision des Députés », prévient l’analyste politique André César. « La procédure sort des mains de Cunha (controversé et corrompu Président du Congrès, ennemi juré de Dilma Rousseff) et passe à celles de Calheiros, un autre acteur qui est autonome vis-à-vis de Michel Temer et un peu plus proche de Dilma Rousseff que Cunha », explique à l’AFP Diego Wernck, spécialiste en droit public de l’université FGV. Or, M. Calheiros a promis ces derniers jours de mener « avec responsabilité et indépendance » l’examen par la chambre haute de la procédure de destitution.

La Marseillaise, le 19 avril 2016

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Brésil. Dilma Rousseff prête à mener la seconde manche

le 19 April 2016

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