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Horreur, terreur, malheur dans le rétro hexagonal

2015 en France restera inoubliable. Pour toutes les raisons du monde et, espérons-le, pour en tirer les leçons.

Après deux années d'un mandat pitoyable durant lesquelles les gouvernements Hollande se sont illustrés par le déni de la parole donnée et la confirmation d'une fuite en avant social-libérale, les Français n'ont eu qu'une petite semaine pour se souhaiter une « bonne année » 2015.

Le mercredi 7 janvier, dans la matinée, un commando jihadiste attaque la rédaction de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo. Douze personnes sont tuées, dont des célébrités de la libre pensée qu’étaient les dessinateurs Cabu, Charb, Honoré, Tignous et Wolinski ou l’économiste Bernard Maris et la psychanalyste Elsa Cayat.

Tournant présidentiel

Les violences s’enchaînent le 8 avec la fusillade de Montrouge, puis le 9 avec une prise d’otages visant la communauté juive, qui fera quatre morts, porte de Vincennes à Paris.

La France est sous le choc, pétrifiée par la violence de l’attaque et la force du symbole. Contre la barbarie, le 11 janvier, de grandes marches républicaines, à Paris et dans toutes les grandes villes de France et même à l’étranger, réunissent des centaines de milliers de personnes. Il s’agit d’un tournant pour le Président Hollande. Au plus bas de tous les indices de popularité, battant les records par défaut dans la spécialité et récoltant le fruit d’une politique intérieure à la fois illisible et sans autre résultat qu’une aggravation exponentielle du chancre du chômage… l’ex-patron du PS, réputé pour son caractère trop lisse et une vision du consensus virant à la versatilité malvenue, se mue en chef de guerre. C’est au large de Toulon, pour ses vœux aux armées, qu’il endosse l’uniforme et annonce qu’il part en guerre contre Daech, mais, prévient-il alors, « nous frapperons en Irak, pas question de frapper en Syrie ». Grâce à une maîtrise réelle de ses Ministres de la Défense Jean-Yves Le Drian et de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, la cote de Hollande remonte un poil dans le cœur meurtri des Français.

Mais les enquêtes rondement menées, les arrestations en rafale et les manœuvres militaires bien ordonnées ne font pas oublier ses souffrances quotidiennes à un peuple déboussolé.

Les saisons passent et le dialogue social ne cesse de se détériorer. Le Premier Ministre, qui avoue « aimer les patrons » au congrès du Medef, finit de faire tomber les masques.

Le Parti socialiste lui-même entre en fronde contre « son » gouvernement tandis que la droite, pourtant désorganisée, a tous les arguments pour se gausser d’une politique qui pourtant lui ressemble à se méprendre.

Pour ne rien arranger, la politique étrangère se heurte à ses errances du passé comme du présent. La crise des réfugiés, qui au passage affaiblit les positions diplomatiques françaises en Europe, attise une « peur de l’autre » parfaitement instrumentalisée par les gens du FN. En mars, lors des élections départementales, la droite fait une razzia sur les assemblées locales et le Front national réunit plus de 25% des suffrages. Hollande passe délibérément les commandes intérieures à Manuel Valls pour se consacrer à l’international. L’accord sur le nucléaire iranien fait partie de ses priorités tout comme la crise ukrainienne, pour laquelle il ferraille avec son alliée Angela Merkel pour tenter de trouver une sortie honorable. Autre point de mire : la Cop 21, qui se doit d’aboutir à une avancée considérable en matière de lutte contre le réchauffement de la planète.

Las, la conférence sera endeuillée par un nouveau drame national quelques jours avant son lancement. Le vendredi 13 novembre, plusieurs commandos de Daesh massacrent le peuple parisien au Bataclan et sur les terrasses des cafés des grands boulevards, au cœur de Paris. 130 morts et 150 blessés. Presque sur le champ, Hollande remet le casque lourd, renvoie le Charles-de-Gaulle et ses Rafale pour taper Daesh encore plus fort avec ses alliés US et même russes et cette fois, c’est dit, jusqu’en Syrie. Là encore, ses actions obtiendront quelques sympathies. Sauf que le chef de l’État « droitise » une fois encore son discours et jusqu’à toucher aux principes fondamentaux de tous les progressistes. En mettant sur le tapis la possibilité de déchoir les « éléments dangereux » de leur nationalité française « quand ils en possèdent une autre », il franchit une ligne jaune qui le coupe définitivement de ce que fut, il y a longtemps, son électorat. Au plan politique, la débâcle française aura une traduction dans les urnes les 6 et 13 décembre derniers. En termes de voix, le Front national est devenu le premier parti de France et s’il est exclu de deux présidences régionales, ce sera au prix de l’exclusion de la représentation de gauche en Paca et dans le Nord. Bref annus horribilis. Les gens de Charlie l’auraient sûrement formulé autrement.

Claude Gauthier (La Marseillaise du 30 décembre 2015)

Les principaux événements

22 Janvier. Échec du dialogue social. Syndicats et patronat échouent à trouver un accord pour améliorer le dialogue social en entreprise autour d'une instance unique.

15 Mars. Loi Santé. Entre 19.000 et 50.000 blouses blanches défilent à Paris contre le projet de loi Santé de Marisol Touraine.

19 Mars. Grève à Radio France. Début du plus long conflit de l'histoire du groupe.

24 Mars. Crash avion. Un Airbus A320 de la Germanwings s'écrase près de Barcelonette (Alpes de Haute-Provence), faisant 150 morts.

23 Avril. Une femme à France Télévisions. Delphine Ernotte Cunci devient la première femme à diriger le groupe.

27 Mai. Panthéon. Les quatre résistants Germaine Tillion, Geneviève De Gaulle- Anthonioz, Jean Zay et Pierre Brossolette font leur entrée au Panthéon.

3 Juillet. GPA. La Cour de cassation juge que les enfants nés de la gestation pour autrui à l'étranger devront être inscrits à l'état civil français.

10 Juillet. Loi Macron. Le projet de loi Macron achève son parcours parlementaire à l'Assemblée par le biais du 49.3.

7 Septembre. Réfugiés. La France se dit prête à accueillir 24.000 réfugiés sur les 120.000 que la Commission européenne a proposé d'accueillir dans les États membres.

3 Octobre. Inondations dans le Sud-Est. Des pluies diluviennes frappent la région de Nice, provoquant la mort de vingt personnes et deux disparitions.

5 Octobre. Air France. L'annonce par la direction d'une menace pesant sur 2.900 emplois donne lieu à des violences en marge d’un comité central d'entreprise.

30 Octobre. Accord sur les retraites. Le patronat et trois syndicats (CFDT, CFE-CGC, CFTC) entérinent un accord qui conduira les salariés à travailler plus longtemps.

2 Novembre. Recul sur les impôts. Le gouvernement promet in extremis d'annuler des hausses d'impôts pour les retraités modestes.

12 Décembre. COP 21. Un accord pour lutter contre le réchauffement climatique est adopté par les 195 pays réunis au Bourget (Nord de Paris). L'accord entérine l'objectif de contenir le réchauffement « bien en deçà de 2°C ».

La Marseillaise du 30 décembre 2015

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Horreur, terreur, malheur dans le rétro hexagonal

le 30 December 2015

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