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Comment changer d’Europe après le Brexit ?

Le Brexit, indépendamment de la manière dont il se fait, est d’abord la volonté d’une majorité du peuple britannique de quitter l’Union européenne. La deuxième puissance économique de l’Union, membre permanent du conseil de sécurité, a donc fait un choix historique, quoiqu’on puisse par ailleurs en penser, et quelles que furent les conditions du référendum de juin 2016. Et qu’est ce que provoque ce séisme pour le fonctionnement et la logique fondamentale de l’UE ? Rien. Michel Barnier disait au Parlement européen après le premier rejet de l’accord par les députés britanniques que sa priorité était la défense du marché intérieur, c’est-à-dire des tares fondamentales de l’UE que sont le marché et la concurrence érigées en dogme. Si l’on met cette raideur face au chaos politique et à la crise de régime à Londres, cela risque de donner l’impression que l’UE, on ne peut ni la quitter, ni la changer. Avec à la clé des conséquences politiques incalculables. D’ailleurs, les plaques tectoniques politiques ont déjà commencé à bouger. Par exemple, la bourgeoisie allemande avec Annegret Kramp-Karrenbauer est en train de changer de position envers la France. Il faut prêter attention à sa réponse à la tribune européenne de Macron, intitulée « Faisons l’Europe comme il faut », qui condamne « le centralisme » et « l’étatisme européen » mais déclare qu’il « faut associer habilement les démarches nationales et européennes ». Dans un autre registre, l’extrême droite, désormais en position de pouvoir dans de nombreux pays européens, met en sourdine la question de la sortie de l’UE et tente, à des degrés divers, des synthèses plus ou moins instables entre ethnicisme, libéralisme et filet de protection sociale « réservé » aux « nationaux ».

La question est donc : où est la gauche et que peut-elle proposer aux peuples ? En France, la totalité des listes de gauche est donnée à environ 25% des votants aux prochaines élections européennes. Avancer un autre projet européen, de peuples et de nations libres, souverains et associés qui coopèrent sur les grands enjeux continentaux que sont par exemple la lutte contre l’évasion fiscale, la réforme de la PAC, la lutte pour sauver le climat, nécessite un rapport de forces de haut niveau. Il n’est pas impossible, comme en témoignent les aspirations qui se manifestent pêle mêle à travers les grèves hebdomadaires pour le climat, les mouvements sociaux en France, en Belgique, en Allemagne, en Suède, l’expérience portugaise etc. Un espace social en Europe existe mais il est politiquement éclaté et traversé de nombreuses contradictions. L’enjeu des élections européennes est bien de travailler cet espace en mettant dans le débat public des propositions concrètes qui pourraient dessiner les contours d’une future majorité sociale et politique en faisant écho aux préoccupations populaires. Citons par exemple le salaire minimum européen fixé à 60% du salaire moyen d’un pays ou encore le rejet des accords de libre échange remplacés par une autre politique commerciale protégeant la production en Europe… Ces propositions que les communistes mettent dans le débat public portent cette ambition.

Vincent BOULET
Secteur international-Europe,
responsable-adjoint aux questions européennes

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Comment changer d’Europe après le Brexit ?

le 05 April 2019

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