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Pour une France au combat sur la scène européenne

La troisième rencontre nationale du PCF se tiendra vendredi 17 mars à l’Hôtel de Ville de Villerupt (Meurthe-et-Moselle), ville frontalière du Luxembourg, sur le thème «La France à l’offensive pour une Europe de progrès».
Entretien avec Anne Sabourin, responsable du secteur Europe.

POURQUOI CETTE RENCONTRE?
ANNE SABOURIN : Il s’agit d’une des cinq grandes rencontres nationales que le PCF a décidé de tenir dans le cadre de la campagne de la présidentielle et des législatives sur des contenus qui nous tiennent à coeur. Bien sûr la question européenne en fait partie. Parce qu’il y a une actualité brûlante, une année anniversaire (25 ans Maastricht, 60 ans du Traité de Rome) qui appelle à faire un bilan de l’Union européenne, dont nous contestons fortement les politiques libérales. Dans un pays comme la France, les campagnes électorales 2017 doivent être un espace de débat sur cet enjeu, alors que la Grande-Bretagne s’apprête à quitter l’Union, alors que la crise dure et s’aggrave car rien n’a été fait pour empêcher une prochaine crise financière. Et puis la conception elle-même de cette Europe, de ses traités est en crise. Il faut donc mettre cette question en débat.

JUSTEMENT, EST-CE QUE LA QUESTION VIENT DANS LE DÉBAT?
A. S. : Elle vient mais très mal. Il y a deux visions qui dominent le paysage médiatique et en apparence s’opposent. Il y a d’une part le candidat Fillon et le candidat Macron qui portent la même idée, celle d’un renforcement des structures existantes et des politiques néo-libérales; ils convergent aussi sur l’idée de défense européenne comme outil de relance de l’UE. Les nouvelles bases du consensus libéral se cherchent sur ces problématiques-là. Et il y a la vision de Le Pen, de l’extrême droite en Europe qui s’oppose à cela en apparence, car en vérité c’est toujours une concurrence accrue entre travailleurs qui est proposée; c’est l’idée d’un éclatement de l’UE sur des bases nationalistes et xénophobes, qui conduit (voir le Brexit) à des dévaluations nationales, c’est-à-dire abaissement des droits sociaux et de la fiscalité au nom de la «compétitivité». Soit la guerre économique et un «protectionnisme» qui ne protège en rien les travailleurs. Les deux visions se rejoignent: à l’arrivée ce sont les peuples qui sont jetés les uns contre les autres.

ET NOTRE CONCEPTION?
A. S. : L’enjeu, pour nous, pour les forces progressistes, c’est de faire émerger une autre vision pour l’Europe, que la France devrait porter sur la scène européenne. Notre conception, c’est celle d’une France à l’offensive pour une Europe de progrès, c’est la logique que l’on trouve dans La France en commun, des batailles politiques que devrait mener la France en forgeant des alliances, en construisant des résistances, en se battant par exemple pour l’abrogation du traité budgétaire. C’est une démarche gouvernementale pour une France au combat sur la scène européenne, au combat pour la solidarité et la démocratie en Europe. Cette vision permet de dégager les grands axes de refondation du projet européen que nous souhaitons, et de montrer que nos propositions sont des luttes pour un gouvernement de gauche et toute la société. Et puis ça permet de sortir du débat: rester? Sortir de l’UE? Ça nous place dans la lutte des classes et dans la construction de rapport de forces. Bien sûr, ça pose aussi la question du rassemblement: l’Europe a été mise en avant comme un point de divergence entre forces de gauche. Moi je suis convaincue que la vision du PCF est celle qui peut assurer le rassemblement sur le fond, à la fois porter la rupture et être dans la recherche d’un projet européen alternatif.

Propos recueillis par Gérard Streiff