Le sommet européen qui s’est tenu à Malte le 3 février a été en partie consacré aux questions migratoires. Dans le prolongement du sommet de La Valette il y a un an, les chefs d’État ont décidé de confier la responsabilité à des pays du sud de la Méditerranée centrale de bloquer les migrants sur le territoire et de les renvoyer chez eux. Tous les regards se sont tournés vers la Libye d’où partent une grande partie des migrants venant d’Afrique de l’est. Les mesures adoptées par les chefs d’État à l’unanimité sont le renvoi des migrants parvenus sur le sol européen vers la Libye où ils seront accueillis dans des camps, en échange de compensations financières. Par ailleurs, «il sera fait appel aux tribus dans le sud de la Libye», a déclaré le premier ministre maltais, et les moyens de garde-côtes libyens seront renforcés.
Ces mesures consacrent la volonté de l’Union européenne de tout mettre en oeuvre pour faire obstacle à la venue de nouveaux exilés voulant fuir les guerres, les persécutions, la misère dans leur pays. C’est un pas de plus dans l’abandon et le reniement des valeurs et des devoirs d’accueil et d’asile que l’UE s’était elle-même fixés à sa naissance.
Cet accord a aussitôt été dénoncé par les ONG. L’ambassadeur d’Allemagne au Niger a déclaré, en parlant de la Libye: «Sur une base quotidienne il y a des cas d’exécutions de migrants, de tortures, de viols, et d’abandons dans le désert.»
L’hypocrisie est à son comble quand Donald Tusk, président du Conseil européen, ose, à l’issue du sommet de Malte, déclarer «que les plans européens seront mis en oeuvre dans le respect total des droits de l’homme». Et la France s’est tue devant les nouveaux drames qui se préparent.
À cela s’ajoute le renforcement des frontières à l’intérieur de l’Europe, de plus en plus infranchissables, mettant à bas le principe de libre circulation. Du vrai Trump, dont beaucoup s’offusquent en Europe et en France mais ferment les yeux sur les murs anti-migrants construits sur notre sol et chez nos voisins du sud.
Heureusement tous ne cèdent pas à des supposées peurs. «En Europe il y a des personnes qui ne perçoivent pas ces réfugiés comme une menace mais des personnes comme elles qui ont besoin d’un accueil et d’un accompagnement», déclare Jean-François Dubost d’Amnesty international.
Démonstration a été faite encore il y a quelques jours à Barcelone où 160000 personnes sont venues réclamer «dès maintenant» des milliers de réfugiés que l’Espagne devait accueillir; 1100 l’ont été sur les 16000 prévus.
En Allemagne, plusieurs Landers se refusent de participer à l’opération expulsion lancée par le gouvernement Merkel à l’encontre de plusieurs centaines d’Afghans vers leur pays en guerre.
En France aussi les actes de solidarité se multiplient dans les villes, avec des associations et les citoyens. La réalité est qu’il y a bien plus de capacités d’accueil au plan local que le nombre de réfugiés que la France s’est engagée à accueillir. Le Parti communiste, nombre de ses élus et militants sont de ce combat et refusent de vivre dans une France et une Europe xénophobe et dans l’indifférence face aux drames humains de la migration. Ils font le choix de la solidarité pour un monde de paix et de justice. La brochure qu’il vient d’éditer revient sur toutes ces questions et permet d’éclairer les enjeux des politiques migratoires et l’urgence de la solidarité.
Patrick Margaté
Relations internationales PCF
article paru dans Communistes du 1er mars 2017