Accueil
 
 
 
 

Ceta/Tafta/Tisa: de nouveau au cœur des stratégies néo-libérales

Une longue série avec de nombreux épisodes, c’est ce qu’on pourrait retenir de la volonté des libéraux outre-Atlantique et de l’Europe pour aboutir à l’accord Ceta.

Malgré de nombreuses mobilisations citoyennes, de nos parlementaires, d’une résistance wallonne qui a porté espoir à toutes celles et tous ceux qui luttent contre le Ceta, un accord a été arraché fin 2016.

Pointant du doigt le mécanisme d’arbitrage dit «Investisseur-Etat» (ICS) qui instaure la promotion des privilèges des investisseurs étrangers dans les négociations commerciales de l’UE, qui donne des droits exceptionnels pour les entreprises, assortis d’aucune obligation, et donc la possibilité d’exiger des milliards d’euros de compensation, ou de paralyser l’action publique, lorsqu’elles jugeront que les lois et les réglementations entravent leur habilité à engendrer des profits; ou en mettant en avant la dégradation de sa filière agricole, la Wallonie est devenue le symbole de la résistance régionale européenne, en imposant des précisions sur l’application du traité et de meilleures garanties juridictionnelles.

Ce qui est sûr, c’est que la Wallonie était le dernier obstacle à la signature de Ceta, ce grand accord économique avec le Canada, cousin du Tafta-TTIP, voire un tremplin pour accélérer la machine infernale.

Dorénavant, le traité va être soumis au vote du Parlement européen à Strasbourg le 15 février prochain. Son adoption déclencherait automatiquement une application provisoire de l’accord sans attendre les ratifications des 28 parlements nationaux. Ce serait ainsi le signal pour la levée des barrières douanières aux portes de l’UE pour les biens canadiens.

Plus que jamais, la mobilisation est nécessaire au regard des rapports de force au sein du Parlement européen.
• Actuellement, toute la droite (PPE) et le centre-droit (ALDE, très libéral) est pro-Ceta.
• Côté social-démocrate, l’inquiétude est de mise : depuis le début, une partie votait contre ce type de traité (dont une partie des eurodéputés socialistes français), mais suite au compromis wallon on risque d’en perdre une partie, qui soutiennent le message du «nouveau Ceta» (les Belges, et sans doute dans d’autres délégations nationales). Les socialistes belges défendent les prétendues avancées qu’ils auraient obtenues.

Concernant le Tafta/TIPP, le cycle de négociation est en stade «pause» et avec les élections qui ont eu lieu aux USA, puis celles qui arrivent en France et en Allemagne, rien n’est prévu à court terme. Ce qui est sûr, c’est que malgré les gesticulations de Trump, il n’y pas de remise en cause (ou de remisse à plat) du mandat de négociation de la Commission, donc le problème va continuer de se poser. Bien au contraire, il ne faut pas tomber dans la «trumperie» du président américain qui, dans son discours protectionniste, pourra en fait, par le biais du Ceta et des accords de libre-échange US/Canada, continuer à commercer avec l’Europe. C’est en ça que le Ceta est un véritable «cheval de Troie», un tunnel pour contourner le Tafta.

Une exigence s’impose dans la période: ouvrir en grand le débat dans cette période présidentielle et donner une dynamique à la mobilisation en posant indéniablement la question d’une alternative au libre-échange néolibéral. Une voie que vient d’ouvrir l’accord Cuba/UE signé en décembre dernier. Accord qui prend à contre-pied un commerce international marqué par la concurrence sur les prix, avec une autre conception des rapports entre nations, plaçant l’emploi et la coopération en son cœur.

Partout des peuples, des citoyens résistent. Nos élus en sont, des collectivités se mettent en résistance Tafta. 78 parlementaires de gauche, nationaux et européens, viennent de signer une tribune commune dénonçant l’accord Ceta, dangereux pour notre démocratie, l’environnement et nos normes.

Après les mobilisations du 21 janvier dernier, un nouveau moment fort aura lieu les 14 et 15 février à Strasbourg à l’occasion du vote au Parlement européen. Les communistes avec leurs élus en seront avec le Collectif «Stop Ceta» et les citoyens.

Laurent Péréa
Responsable adjoint Relations internationales du PCF
chargé des questions de libre-échanges
article paru dans Communistes du 1er février 2017

Il y a actuellement 0 réactions

Vous devez vous identifier ou créer un compte pour écrire des commentaires.

 

Ceta/Tafta/Tisa: de nouveau au cœur des stratégies néo-libérales

A voir aussi