Accueil
 
 
 
 

États-Unis: le milliardaire-président à la parole mussolinienne

Deux événements considérables se sont produits ces 20 et 21 janvier 2017: l’arrivée à la Maison-Blanche du milliardaire Donald Trump et sa bande de «killers» - ses «tueurs» selon sa propre expression - et, le lendemain, la plus imposante manifestation que l’Amérique ait jamais connue, la Marche des femmes, et des hommes, qui a rassemblé, rien qu’à Washington, plus d’un million de personnes. Cette démonstration d’espoir, de refus de l’impensable destruction des droits des femmes et des droits humains en général est un puissant encouragement à tous ceux qui croient que «ce» n’est pas «fini». Et ce sont des femmes qui l’ont initiée.

«A partir de ce jour une nouvelle vision va gouverner notre terre. A partir de ce jour, ce sera uniquement «América first. America first», a clamé le nouveau président. Ce slogan «D’abord l’Amérique» était celui des pro-nazis en 1940. Dans le même temps, il a affirmé que désormais le pouvoir était «rendu» au peuple. L’accession au pouvoir d’un homme d’affaires qui a fait campagne en cette «qualité» et qui veut gouverner en tant que tel, est un fait politique nouveau dont il faut prendre toute la mesure. Pour la première fois dans l’histoire contemporaine des États-Unis, le rôle d’interface et de médiation entre les pouvoirs d’argent et les élus que sont les appareils politiques - démocrate ou républicain, tous deux en déréliction - a été inutile pour la conquête du pouvoir suprême. Les milieux d’affaires de Wall Street ont eu la divine surprise d’être représentés par l’un des leurs au sommet de l’État le plus puissant du monde, sans qu’ils n’aient à rendre compte, croient-ils, aux institutions, aux partis et à la société civile.

Il faut faire vite pour consolider cette «victoire» qui risque de n’en pas être une: Trump a «vaincu» avec trois millions de voix de moins que sa rivale, Hillary Clinton. Il n’en demeure pas moins que, masqué derrière un comportement mussolinien, il a su séduire une large minorité d’Américains. 65,8 millions de citoyens ont voté pour lui. Et, contrairement à certaines analyses, ce ne sont pas essentiellement des «déçus» d’Obama, ni les plus pauvres, ni la classe ouvrière appauvrie qui l’ont élu. Sa base sociale est composée de républicains conservateurs blancs protestants (les WASP) avec un revenu annuel de 70 000 dollars, supérieur à la moyenne nationale de 50 000$, animés par la peur de déqualification face à tous ceux qui n’appartiennent pas à leur camp. Le poison de la haine est explosif si les «choses ne vont pas mieux». Doit-on s’attendre à l’explosion de la violence dans un pays dont la Constitution préconise le droit du port d’armes?

Faire vite, cela signifie, comme le milliardaire-président a commencé à le faire, mettre fin aux droits sociaux et humains, faire baisser les salaires, démanteler la protection de santé pour tous, et, en miroir, diviser par deux le taux des impôts sur les sociétés et mettre fin au début de transition écologique.

En matière de politique extérieure, le fait que Trump n’en a pas est le risque le plus létal pour la paix dans le monde. Sa doctrine tient en un seul mot, le «deal», la transaction, par la force si nécessaire y compris nucléaire: agresser le «concurrent», «celui qui nous pille» pour tenter de l’absorber.

L’histoire est passée à une vitesse supérieure: pour échapper au temps de la destruction, il nous faut donner vie à celui du temps du commun.

Michel Muller
Secteur international du PCF
article paru dans Communistes du 25 janvier 2017