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Mexique: le ras-le-bol d'un peuple contre l'austérité et l'impunité

La hausse du prix de l’essence a déclenché des mobilisations citoyennes dans 24 des 32 États du Mexique qui ne faiblissent pas: des centaines de manifestations, des péages routiers occupés, des blocages des routes et des pompes à essence. À la suite des violences souvent organisées par les autorités elles-mêmes, 1500 personnes ont été arrêtées et ont déploré la mort de six personnes. Ces manifestations ont lieu dans le sillage des grèves contre la «réforme» de l’éducation et du mouvement qui réclame justice après la disparition des 43 étudiants d’Ayotzinapa.

Cette colère exprime un ras-le-bol face à l’échec de trente ans de politiques néolibérales et d’austérité, avec ses bas salaires, des pensions par capitalisation de misère et la moitié de la population qui vit dans la pauvreté. La hausse des prix de l’essence arrive après celle de l’électricité et des produits de base.

Les Mexicains savent que la hausse des prix est l’une des conséquences de la privatisation récente de Pétroles du Mexique (PEMEX) qui a mis les ressources naturelles du pays entre les mains des amis du pouvoir et des transnationales. Le pillage de PEMEX a fait du Mexique un pays qui exporte du pétrole mais qui importe 60% de sa consommation de combustibles.

La hausse des prix des combustibles est aussi l’un des effets des déclarations xénophobes de Donald Trump et de ses menaces contre les compagnies exportatrices de voitures fabriquées au Mexique. «L’effet Trump» sur le peso et sur l’économie mexicaine a mis en évidence la vulnérabilité du libéralisme mexicain et sa grande dépendance vis-à-vis des États-Unis. Les Mexicains manifestent aussi contre un président, Enrique Peña Nieto, qui a eu une attitude de soumission lorsqu’il a reçu le candidat Donald Trump à Mexico. Aux menaces du nouveau président de construire un mur à la frontière et de revoir l’Accord de libre-échange nord-américain, le gouvernement mexicain répond avec la proposition de créer plus de zones économiques spéciales, des cadeaux fiscaux et des législations du travail avantageuses pour les transnationales.

L’argument du gouvernement mexicain selon lequel sans la hausse des prix des combustibles le financement des politiques sociales allait être revu à la baisse scandalise, alors que des cas de corruption éclatent et mettent en évidence la décomposition du système politique mexicain et l’impunité dont les responsables politiques bénéficient. Des gouverneurs qui détournent les budgets des régions, des parlementaires qui s’octroient des fonds millionnaires qui devraient servir pour des œuvres d’infrastructure dans leurs circonscriptions mais qui finissent dans leurs poches. Le Président mexicain lui-même a reçu en cadeau une luxueuse résidence de la part d’une grande entreprise qui a bénéficié des marchés publics. Les journalistes qui ont dénoncé ces faits ont été licenciés sous la pression du pouvoir.

La réponse du gouvernement aux mobilisations a été l’adoption d’un «Pacte pour la nation» qui reprend les propositions du patronat: austérité et payement de la dette pour rassurer les milieux financiers.

Cette révolte citoyenne qui ne cesse pas pourrait être le prélude d’une avancée significative des forces de gauche. Les enquêtes d’opinion montrent la candidature du progressiste Manuel Andrés Lopez Obrador, le dirigeant du Mouvement de régénération nationale (MORENA) comme une possible alternative majoritaire pour l’élection présidentielle de 2018. Mais seule une mobilisation citoyenne pourrait rendre possible une victoire qui mette fin au règne de l’impunité et des transnationales.

Obey Ament
Secteur international du PCF
article paru dans Communistes du 18 janvier 2017