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Discours de Pierre Laurent au congrès de Syriza

Chers amis, chers camarades, Mesdames, Messieurs, Kalispera sas!

Que de chemin parcouru depuis le congrès fondateur de Syriza, où je me trouvais  déjà  devant  vous, pour vous saluer au nom du Parti de la gauche européenne. Nous cherchions alors un espoir pour l’Europe, pendant que vous dessiniez, avec les Grecs, un projet pour votre beau pays.

Trois ans se sont écoulés comme trois siècles.

Je veux ici, avant toute chose, adresser la solidarité et le respect de la gauche européenne envers le peuple grec. Votre dignité, votre courage et votre intelligence, face aux adversaires de la démocratie, votre solidarité avec les réfugiés alors que la vie n’est pas facile ici, sont un exemple pour toute l’Europe.

Lorsque vous avez fait le choix, à deux reprises, de confier votre voix à Syriza et au gouvernement d’Alexis Tsipras, vous avez engagé une longue et difficile bataille. Chacun mesure aujourd’hui, la force de nos adversaires politiques, le pouvoir des milieux financiers et patronaux au sein de l’Union européenne, les obstacles auxquels est confronté un pays voulant appliquer une politique de justice sociale. Le chemin vers une autre Europe sera long, fait de victoires et de défaites, de paradoxes, de dilemmes, de désaccords parfois.

Mais vous n’êtes pas seuls. Il y a une Europe qui se bat contre l’austérité, pour le respect de la démocratie, pour que l’humain l’emporte sur la finance. Vous êtes debout et nous sommes à vos côtés.

L’Europe a beaucoup changé en peu de temps.

L’Union européenne (UE) est entrée dans une très profonde crise politique, conséquence de son incapacité à protéger les populations, de son acharnement à imposer l’austérité et la précarisation du travail, par la force.

L’UE paye l’échec de ses politiques et sa violence, par un rejet populaire massif. Avec le Brexit: un grand pays a décidé de quitter l’UE, c’est un fait majeur. Il est clair que l’UE ne peut plus continuer ainsi. Mais dans quelle direction va-t-elle aller?

Va-t-elle poursuivre vers plus de concurrence, plus d’austérité, plus de sanctions pour les pays en difficulté, plus de cadeaux aux multinationales, avec une majorité de dirigeants incapables de proposer un projet d’avenir pour nos enfants? Va-t-elle se replier sous la pression des populismes et de l’extrême droite, et comme à Bratislava, céder aux pressions du groupe de Visegrad, laisser les frontières se fermer et les pays comme la Grèce et l’Italie, seuls pour faire face au défi de l’accueil des réfugiés? Va-t-elle se diriger vers la solidarité et la démocratie, en répondant à la demande légitime d’une inflexion des règles budgétaires, venue des pays du Sud? Va-t-elle permettre à la Grèce de se relever en restructurant sa dette? Va-t-elle se tourner vers le développement des outils productifs et des services publics, avec un autre euro, une Banque centrale européenne sous contrôle démocratique qui joue enfin un rôle dans l’économie réelle? L’UE va-t-elle s’engager vers la démocratie et le respect des choix des peuples? Va-t-elle harmoniser les droits des travailleurs par le haut? Va-t-elle enfin, se battre pour un monde de paix et de développement partagé?

C’est dans cette troisième vision que s’inscrit résolument le Parti de la gauche européenne.

Tout le monde sait, ici en particulier, qu’il n’y aura pas de refondation progressiste de l’UE sans des victoires de la gauche dans d’autres pays, et sans une coopération renforcée de tous les progressistes, dans leur diversité, par des luttes et des alliances politiques, à l’échelle européenne. Ce sera une grande question du congrès du PGE en décembre prochain.

Le grand mouvement contre la loi travail en France, la victoire des Polonaises contre l’interdiction de l’avortement, le référendum raté de Victor Orban, la réélection de Jeremy Corbyn à la tête du Labour, la majorité de gauche au Portugal, le résultat de la coalition Unidos Podemos en Espagne, tout ceci doit nous donner espoir dans la longue lutte engagée pour l’avenir de notre continent.

Le défi devant nous est de passer une nouvelle étape de convergence, d’union, de solidarité de toutes les forces, tous les Européens, qui luttent. Nous mettons sur la table la proposition d’un «forum européen annuel des forces de progrès», un espace de coopération souple avec un panel large de forces politiques, des organisations syndicales, des mouvements sociaux, des intellectuels.

Je suis sûr que nous trouverons Syriza à nos côtés pour construire l’Europe de demain. Votre parti est, et restera, une grande force de la gauche européenne. Chers amis, chers camarades, je vous souhaite de bons travaux pour réussir ce congrès si important pour Syriza, pour la Grèce, et donc pour l’avenir de l’Europe.

Discours publié dans Communistes du 19 octobre 2016