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Intervention de Lydia Samarbakhsh, lors de la 18e Rencontre internationale des partis communistes et ouvriers

Chers camarades,

Je tiens tout d’abord à remercier la direction et le département International du Parti communiste du Vietnam pour l’organisation de la 18e Conférence internationale des partis communistes et ouvriers, et la qualité de l’accueil qui nous a été réservé.

J’adresse à tous les participants le salut fraternel chaleureux de Pierre Laurent, secrétaire national, et de la direction du PCF.

Le contexte de nos travaux est marqué par une forte exigence. Celle d’envoyer un signal d’espoir aux millions de travailleurs, aux peuples, aux jeunes et aux femmes, premières cibles des injustices, du monde entier qui luttent pour une société et un monde plus justes et plus humains.

Pour renforcer nos relations et approfondir nos échanges, cela implique de nous donner pour règle commune le strict respect de nos approches et de nos expériences respectives, et de nous concentrer sur nos compréhensions et des objectifs communs.

Au quotidien et dans la durée, le PCF consacre ses efforts à ouvrir, je cite notre résolution de congrès, «un processus de transformation sociale fondé sur les luttes, la bataille idéologique et les conquêtes de pouvoirs. Ensemble, nous pouvons bâtir un nouveau mode de développement productif, social et écologique, portant l’exigence féministe à l’égalité, l’aspiration à l’autonomie de chacune et chacun, l’appropriation et le partage des savoirs, des informations, des arts et des cultures», enfin pour ce qui nous concerne en France, nous voulons avec toutes les forces de gauche et citoyennes disponibles relever le défi de la refondation de la politique et de la République, et de la refondation de l’Europe.

Nous avons réaffirmé à notre dernier Congrès en juin 2016 qu’ «Au XXIe siècle, le grand dessein de l’humanité est d’en finir avec toutes les formes d’exploitation, de domination et d’aliénation, de l’homme par l’homme, de l’homme sur la femme, de l’activité humaine sur la nature.» C’est le mouvement que nous nommons pour notre part, le «communisme de nouvelle génération».

Je concentrerai mon intervention sur les enjeux devant lesquels nous sommes placés en France et dont l’issue aura un impact au plan européen comme international.

La politique menée depuis 2012 a persévéré dans le choix des politiques d’austérité et d’attaques contre les droits des travailleurs, et nous nous trouvons à la veille d’une année électorale importante avec les élections présidentielle et législatives de 2017.

Elles interviennent dans un contexte économique et social désastreux pour les catégories populaires et de crise européenne approfondie.

La fin de mandat du président François Hollande voit se profiler le danger sérieux non seulement de voir la droite reconquérir le pouvoir mais de la voir adossée à une extrême droite plus forte que jamais depuis 70 ans.

Les politiques d’austérité et anti sociale menées par les gouvernements européens et imposée par les traités européens ont conduit l’Union européenne à une crise que les dirigeants européens eux-mêmes qualifient d’existentielle.

Il n’y aura pas de statu quo possible.

Trois conceptions de la construction européenne s’affrontent:

  • une conception ordolibérale qui veut pousser les logiques libérales à leur terme au risque de déboucher sur une «Europe» à plusieurs vitesses selon une partition Nord-Sud;
  • une conception d’extrême droite de divisions qui veut se saisir des risques de dislocation du cadre libéral européen, de destruction de l’Europe, pour accélérer une dynamique de conquête du pouvoir dans chacun de nos pays et alimenter la compétition entre les nations;
  • et la 3e conception est celle que nous défendons «l’option de la reconstruction d’une Europe de coopération, de solidarité, d’une Europe de souveraineté qui doit laisser plus de place aux pouvoirs de chaque nation de négocier démocratiquement son insertion dans cette Europe de solidarité. Nous parlons d’une Europe à géométrie choisie, c’est-à-dire une Europe où la participation au projet européen doit, à chaque fois, être librement consenti par les pays.»

Cette 3e conception est confrontée à l’exigence de plus grandes et plus fortes convergences de luttes et d’actions populaires au plan européen pour renverser le rapport de forces aujourd’hui largement favorables aux marchés financiers et au patronat.

Même s’il y a encore beaucoup à faire, les derniers événements sur le CETA montrent que les forces existent pour ce combat, et que des victoires sont possibles ouvrant sur de nouvelles phases de l’affrontement avec le capital.

Devant les échéances électorales, nous travaillons à unir les forces de la gauche antilibérale et antiaustérité pour faire émerger une alternative non seulement à la droite mais au gouvernement et président sortants.
Ces derniers ont trahi jusqu’aux principes et valeurs de la gauche en menant une politique aux ordres du patronat et des marchés financiers, en aggravant les coupes budgétaires, la casse de l’outil industriel national, et en relançant une politique interventionniste en Afrique, au Proche-Orient.

Les projets de la droite pour la France et l’Europe ne permettent en aucun cas de banaliser la perspective de leur retour au pouvoir.

Si la France basculait massivement en 2017 à droite et à l’extrême droite cela aurait les pires conséquences pour l’Europe et le monde: l’exemple de la Grande-Bretagne et des conséquences du Brexit doit alerter ceux qui pensent naïvement que la colère seule, sans perspective ni espoir de transformation profonde, apporterait un changement bénéfique à notre peuple.

Les forces sociales-libérales et réactionnaires alimentent une profonde crise politique, démocratique et des institutions qui détournent des élections de plus en plus de citoyen-ne-s et travailleurs qui ont intérêt à s’unir sur un projet de transformation sociale. Divisés et démobilisés, les travailleurs restent sous la coupe de politiques faites par et pour le patronat et les marchés financiers.

Mais pour que l’espoir et la mobilisation reviennent, il est nécessaire que le mouvement populaire s’impose dans le débat politique pour tourner la page des cinq ans de pouvoir de François Hollande et bâtir un projet politique de gauche pour le pays fondé sur ses aspirations et exiences.

Ces derniers mois nous avons donc organisé à l’échelle du pays une campagne de consultation de masse sur les grandes questions sociales, économiques et politiques que les catégories populaires veulent imposer à l’ordre du jour de la campagne électorale.

Nous sommes allés à la rencontre de 400 000 personnes. 65 000 femmes et hommes ont rempli un formulaire énonçant leurs priorités, et nous allons prendre de nouvelle initiatives pour développer en profondeur ce travail politique à la fois d’élaboration et de rassemblement.

Nous lançons dans une semaine notre campagne électorale en proposant 7 axes d’action remettant les besoins humains, sociaux et écologiques au coeur de l’action politique et des enjeux des prochaines élections.

  • PRENDRE LE POUVOIR SUR LA FINANCE: avec la création d’un pôle public bancaire et la nationalisation de la BNP-Paribas et de la Société générale.

     
  • INVESTIR POUR DEMAIN: avec l’abrogation de la loi El Khomri au profit d’une loi de la sécurisation de l’emploi et de la formation, du passage aux 32h et de la retraite à 60 ans.

     
  • L’EGALITE FEMMES-HOMMES MAINTENANT! avec un renforcement immédiat des dispositifs contraignants pour l’égalité salariale et professionnelle.

     
  • UNE FRANCE PROTECTRICE ET SOLIDAIRE: avec un plan de relance des services publics et lutte contre les inégalités (suppression de la TVA sur les produits de 1ère nécessité et l’interdiction des coupures d’énergie et d’eau, et des expulsions locatives pour cause de précarité).

     
  • PRODUIRE AUTREMENT: avec la création d’1 million d’emplois dans les filières d’avenir: l’énergie avec notamment les énergies renouvelables, l’automobile propre, les transports urbains et ferroviaires, la rénovation thermique des bâtiments, l’agriculture paysanne, l’aérospatiale, la navale et le numérique.

     
  • DE LA NOUVELLE RÉPUBLIQUE AU RENOUVEAU DE LA POLITIQUE: la réduction des pouvoirs du Président de la République et la suppression du 49-3 au profit d’un renforcement de ceux de l’Assemblée et la stricte limitation du cumul des mandats accompagnée d’un statut de l’élu.

     
  • L’OFFENSIVE POUR CHANGER L’EUROPE: l’abrogation du traité budgétaire européen, quitte à retirer la signature de la France, au profit d’une loi anti-dumping social et de la création d’un fonds européen pour l’investissement et la création d’emplois.

Enfin, nous préparons le lancement de deux campagnes populaires qui touchent aux enjeux internationaux et au combat internationaliste.

L’une pour la paix et la culture de paix pour viser la construction d’un mouvement de masse pour la paix par l’appropriation populaire des grands enjeux internationaux et européens pour imposer, en la rendant incontournable, l’aspiration populaire de paix et sécurité collective, et un changement de politique internationale et européenne de la France — ce qui commencerait pour la France par quitter l'OTAN, lutter pour sa dissolution, et travailler avec l'ONU pour la mise en œuvre de cadres régionaux et multilatéraux de coopération et de sécurité collective.

L’autre «Pour une France solidaire et une France, terre d’hospitalité» pour les migrants par une bataille politique et idéologique afin de faire prévaloir, et rendre visible, un contre-discours aux appels à la haine et la violence de l'extrême droite, en même temps que nous aidons à la mobilisation pour des solutions politiques d’urgence et durables fondées sur l’exigence de solidarités à développer dans toute la société, et avec les migrants en France comme dans l'UE avec la Grèce et l'Italie, qui paient au prix fort le poids insoutenable des directives de Dublin et de l'austérité européenne.

Chers camarades,

Si le Parti communiste français participe à la 18e Rencontre internationale des partis communistes et ouvriers comme il participe à toutes les initiatives qui contribuent à renforcer les liens entre forces de gauche et révolutionnaires, c’est parce que nous croyons fermement que tout le monde a besoin de tout le monde dans nos combats à l’échelle nationale, régionale et notre engagement internationaliste contre la domination capitaliste.

Nous sommes maintenant à un stade où a grandi de manière significative la conscience des inégalités insoutenables que le capitalisme crée; cela nous appelle à jouer notre rôle pour unir toutes les forces progressistes - dans le plein respect de leur diversité - et de promouvoir des solutions politiques transformatrices pour une nouvelle phase de développement du genre humain.

Hanoï, 18e Rencontre internationale des partis communistes et ouvriers
28 au 30 octobre 2016

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Intervention de Lydia Samarbakhsh, lors de la 18e Rencontre internationale des partis communistes et ouvriers

le 02 novembre 2016

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