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La guerre est un « marché »; la paix, elle, est un projet

En s'adressant à son tour aux ambassadeurs français réunis à Paris le 1er septembre, le Premier ministre Manuel Valls s'est permis à nouveau de surenchérir aux propos bellicistes tenus avec constance par le président Hollande.

Nous serions donc ainsi plongés dans « une guerre mondiale (...) d’une forme nouvelle. Une guerre qui nous oppose à un nouveau totalitarisme, celui de l’islamisme radical, qui a levé ses armées, étendu son emprise, déployé son appareil idéologique, qui répand la mort et la terreur de masse. Son but : asservir les corps et les esprits, écraser nos démocraties. (…) La France doit apprendre à vivre avec cette menace terroriste. Elle est là pour durer. C’est le défi de notre société, de notre génération ».

S'il ne faut pas nier et surtout pas sous-estimer l'état de « chaos global » qui caractérise la situation internationale présente ni les objectifs poltiques et de guerre de Daech, il n'en demeure pas moins qu'il y a de la part de « nos » gouvernants actuels une adhésion maintenant définitive – consciente et voulue – à l'idée que nous serions confrontés à une « guerre de civilisations ».

D'une part, Valls évacue le problème de la nature des réseaux djihadistes qui composent une nébuleuse d'organisations qui, pour certaines, sont des « alliées » des forces coalisées sous commandement américain en Syrie et bénéficient de soutiens de puissances régionales…

D'autre part, le Premier ministre se refuse à sortir d'un raisonnement militariste alors que le défi d'une sécurité globale appelle à des prises d’initiatives politiques tant sur le plan des relations internationales que sur le pan national et européen.

Valls, marchant dans les pas d'un Bush junior, rejoue la sempiternelle partition d'un affrontement planétaire « entre le Bien et le Mal », d'un antagonisme de « bloc à bloc », et qu'importe que cela ne tienne qu'à son imagination et à celle des dirigeants de Daech et de ses soutiens.

Il est paradoxal de noter que le président français qui, maintenant, à l'inverse de son Premier ministre, conteste à l'organisation de l’État islamique le projet politique de former un Etat(1) et de participer activement à une reconfiguration des territoires et frontières du Proche-Orient, raisonne exactement selon la même logique simpliste, cherchant à se présenter aux yeux de nos compatriotes comme le chantre de la défense de la « démocratie face au terrorisme ».

A ce jeu-là, la droite et l'extrême droite, sans apparaître comme plus « efficaces » en matière de « sécurité », ont la part belle pour imposer leur vision et leur discours de division et de haine sans avoir à rendre des comptes pour les politiques « ordolibérales » qu'elles appuient.

Dans cette confusion savamment entretenue, un impensé de taille demeure reflet d'un déni flagrant : la participation de la France au commandement intégré de l'OTAN et l'adhésion de ses dirigeants à ses orientations politiques et stratégiques, et à sa logique de guerre. « Pour exister », l'OTAN a besoin d'un « ennemi global », qu'importe qu'en l'inventant il le dote de toute sa puissance idéologique comme politique.
Les droits des peuples, leurs voix sont cruellement ignorés par des chefs d’États et de gouvernements qui étalent au grand jour leur impuissance et leur lâcheté.

Lâcheté devant les forces de l'argent, les lobbies de l'armement, les Erdogan, Netanyahou et pétromonarchies du Golfe.
Impuissance du fait de leur manque total de volonté de s'attaquer durablement, et par le progrès social, humain et écologique, aux inégalités socio-économiques, aux autoritarismes et aux logiques de guerre.
Il apparaît que le président et son gouvernement ont de fait décidé que la fin de leur mandat et les campagnes électorales de 2017 devraient se dérouler dans ce contexte idéologique largement inspiré et dominé par la droite et l'extrême droite qui, seules, profitent du désarroi entretenu par la politique de Valls et Hollande.

Soumise à de profondes et graves tensions, la société française ne fait pas moins preuve d'une capacité de « résilience », d'aspiration à la paix, à l'égalité, à la solidarité, à la fraternité qu'il faut entendre et qu'il faut conforter, comme chaque jour de nombreux élus communistes et Front de gauche le font dans leurs villes et territoires, et aux parlements.

Cette aspiration d'un « monde en commun » se traduit par des initiatives et des engagements variés qui ont besoin d'être multipliés et de converger.

Alors que la guerre est désormais un « marché », la paix, comme l'a souligné Patrick Le Hyaric, à la Fête de l'Humanité, est, elle, un projet politique. Et c'est celui de millions de femmes et d'hommes dans notre pays, en Europe et dans le monde qui trouveront, par exemple, dans la candidature symbolique d'Aminata Dramane Traoré au secrétariat général de l'ONU la voix qui est la leur.

Lydia Samarbakhsh
responsable du secteur international du PCF

Note:
(1)  Dans son « discours de Wagram », le 8 septembre, François Hollande qualifie Daech de « faux État ».

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La guerre est un « marché »; la paix, elle, est un projet

le 23 September 2016

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