Le sujet n’est pas facile. Permettez-moi, avant de revenir à la question palestinienne, de commencer par dire: que font les gouvernements respectifs de ce qui désigné par le «Grand Moyen Orient» pour promouvoir la souveraineté de leurs peuples, raison sans laquelle la résistance à l’ordre établi serait vaine?
On pourrait croire qu’il y a une forme d’alliance objective entre la volonté des peuples de la région de se libérer des tyrannies et les plans américains et occidentaux en général d’installer d’autres régimes dans l’ensemble de cette région. Ce n’est évidemment pas le cas puisque les forces vives de ces pays luttent pour la souveraineté et le développement alors que ceux qui régentent le monde veulent avoir un contrôle par la domination pour les intérêts de la mondialisation. La doctrine Bush qui prétend transformer le paysage politique et économique de cette vaste région par l’interventionnisme précise que «tant que le Moyen-Orient restera un lieu de tyrannie, de désespoir et de colère, il continuera de produire des hommes et des mouvements qui menacent la sécurité des États-Unis et de nos amis. Aussi, l’Amérique poursuit-elle une stratégie avancée de liberté dans le Grand Moyen-Orient». Il ne s’agit donc pas d’émancipation de ces peuples mais de la sécurité de l’occident que cette doctrine oppose.
Notons d’abord que ce vaste «continent» comprend selon l’ex président des Etats-Unis les pays dits de la Ligue arabe (22 membres) en plus de la Turquie, Israël, l'Iran, le Pakistan et l'Afghanistan. La première remarque est que ce qui est visé est d’une hétérogénéité criarde. Sauf à accréditer en bloc la théorie du choc des civilisations, on ne voit pas ce qui peut lier l’Afghanistan ou le Pakistan avec les pays de l’Afrique du Nord. S’agit-il alors de créer des sortes de bantoustans dans toute la région pour s’assurer des apprivoisements pétroliers, des routes maritimes et de la sécurité de pays amis de l’Amérique? Le cours que prennent les événements en Syrie, en Lybie , en Irak et au Yémen peuvent accréditer une telle thèse.
En Algérie la politique de contrôle de la région se manifeste par le soutien politique jamais démenti à un régime qui est passé maitre du truquage des élections, de la régression des libertés démocratiques et de la répression à l’encontre de la société civile et des syndicats. La stabilité permise par des prix des hydrocarbures maintenus plus d’une décennie à plus de 100 dollars n’est en rien l’apanage d’un projet de développent mobilisateur. A la fin du premier mandat de Bouteflika, un fort courant d’opinion s’opposait aux orientations du pouvoir qui consistait déjà à rechercher des soutiens extérieurs pour une «réconciliation» intérieure sans vérité et justice après les affres des années 90. Le troisième mandat issu d’un viol de la constitution est parrainé par les Etas-Unis et le quatrième, à bout de bras, par la France de Hollande qui a multiplié la délivrance de certificats de bonne santé à un chef de l’Etat grabataire.
Il va sans dire que ces soutiens à un homme et à un régime qui ont spolié le peuple algérien de sa souveraineté et de ses richesses se déclinent en concessions économiques, en marchés juteux et en un alignement sur les politiques décidées ailleurs pour la région. Je rappelle cela pour dire qu’on vérité les peuples de ce qui désigné par le GMO se battent contre un ordre mondial dominé par la rapine spéculative du système financier mondial. Les tyrannies ont prospéré et prospèrent dans le cadre des fonctions qu’elles assurent pour les intérêts des puissances de l’argent.
Sur la question de l’islam puisqu’il faut bien parler de ce qui devenu un éventail à qui tout le monde impute les désordres et les causes des insécurités que vivent les populations du monde développé, son instrumentalisation est un fait. Elle est d’abord l’apanage des pouvoirs de cette région pour réprimer le mouvement social. Il est devenu le facteur par excellence du brouillage des repères démocratiques et de classes sociales; le but étant d’empêcher l’instauration d’un débat dans lequel les couches populaires et le mouvement social peuvent présenter une alternative au cours dominant.
Pour revenir à la Palestine, à la différence de nombreuses forces de la région et dans le monde, le RCD n’a jamais inscrit cette question dans un agenda arabe ou islamique. Pour nous, il s’agit d’un problème de réparation d’une spoliation d’un peuple de sa terre et de sa souveraineté. Les accords d’Oslo pouvaient constituer un début de règlement et, ce n’est pas l’Autorité palestinienne qui a fait capoter le processus. Nous pensons que ceux qui ont misé sur une reconfiguration de la région ont réussi à soustraire cette question des urgences politico-médiatiques. Mais le règlement du problème demeure entier et la responsabilité des grandes puissances aussi.
Ouamar Saoudi
Secrétaire National à l’économie et l’environnement
Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD-Algérie)
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