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Migrations • Pour des réponses humaines et politiques

Les phénomènes migratoires sont devenus aujourd’hui le révélateur d’un monde incapable de répondre aux besoins de paix et de progrès de millions d’hommes et de femmes, contraints de quitter leur pays pour fuir violences et misère. Cette détresse, parvenue à nos frontières, a été instrumentalisée par des forces politiques en France et en Europe afin de rassembler, sur une base de peur et de rejet, des populations frappées par la crise sociale.

Ces déplacements de populations ont révélé une véritable crise du modèle européen, une Union européenne qui a été capable de sauver les banques en 2008, mais se refuse aujourd’hui, avec de nombreux Etats, de sauver des êtres humains venus chercher protection sur leur sol.

Face à ces questions qui bouleversent à la fois la politique française, mais aussi les consciences, et plus encore une Union européenne à la dérive, le PCF tenait, il y a quelques jours, une journée de travail afin d’analyser ces phénomènes et de trouver, à la lumière des événements actuels, des nouvelles réponses politiques. Etaient présents dirigeants et militants, élus engagés dans ces batailles, venant de province et de la région parisienne.

Plusieurs intervenants ouvraient les débats. Parmi eux, Thomas Lacroix, géographe, directeur-adjoint du laboratoire Migrinter de l’Université de Poitiers, est largement revenu sur ces phénomènes.

Les populations migrantes dans le monde sont stables avec 250 millions de personnes, représentant 3% de la population mondiale. Elles jouent un rôle utile dans le combat contre les inégalités en transférant dans leur pays d’origine des sommes 3 fois supérieures à celles attribuées au titre de l’aide publique au développement.

En 2014, sont dénombrés 60 millions de réfugiés, dont 38% d’entre eux dans des rapports Sud-Sud, et 34% Sud-Nord, qui ne cessent de baisser. Pour ces derniers, ce sont des personnes de plus en plus qualifiées du fait d’une politique migratoire de plus en plus sélective, avec une part croissante de jeunes femmes représentant 50% d’entre eux.

En France, le nombre de migrants s’élève à 8,8% et est pratiquement stable.

Tous ces chiffres sont loin des propos alarmants et mensongers «d’invasion», de «submersion» avancés par le FN et des leaders de la droite. Les images de la jungle de Calais ont frappé et ému à la fois... et la solidarité n’a pas cessé en faveur de ces hommes et ces femmes voulant simplement rejoindre l’Angleterre.

Tous ces réfugiés, ces migrants à Calais et la région, à Paris, sur les bords de la Méditerranée, ont des droits fixés par des règles internationales, validées par le gouvernement. Marie-Christine Vergiat, députée européenne Front de gauche, et Eliane Assassi, sénatrice CRC, devaient le rappeler avec force et témoigner de leur lutte comme élues, pour les faire respecter et élargir, face à ces politiques restrictives tant au plan européen que français.

Ce rappel légitime du droit à la liberté de circulation ne peut faire oublier les causes qui jettent des familles sur les routes, les mers, au risque de leur vie.

Fuyant les guerres, les violences et l’absence d’avenir en Syrie, en Irak, en Afghanistan, au Soudan, en Erythrée, en Afrique du Nord et de l’Ouest, ces migrants ont des droits et l’ONU, avec le HCR, ne cessent de rappeler à l’UE et aux Etats leur responsabilité d’accueil et de protection, selon la Convention de Genève. Pierre Laurent, qui participait à la discussion, devait revenir sur le manque d’engagement de la France et de l’Europe dans l’accueil de ces familles, dénonçant l’amalgame avec le terrorisme.

Mener bataille sur la réalité des chiffres, démonter les arguments alarmants sans fondement, organiser d’une manière concrète la solidarité, mettre à disposition des structures d’accueil dignes de ce nom partout où nous le pouvons, sont autant d’objectifs à mener pour les communistes.

Ont été dénoncées l’attitude de plusieurs pays européens qui ont fermé leurs frontières et l’impasse dans laquelle sont jetées ces populations, comme en témoigne la situation actuelle à Idoménée en Grèce, et les conséquences de l’accord honteux entre l’UE et la Turquie.

Sans doute cette journée aura marqué une étape nouvelle dans l’engagement des communistes dans cette bataille qui doit «devenir une priorité», comme devait le dire Michelle Demessine, sénatrice du Nord.

Il s’agit d’ouvrir des perspectives d’espoir fondées sur le respect des droits humains, du droit international, de ré-orienter les politiques économiques dégagées des dogmes libéraux et de construire de nouvelles relations internationales basées sur la paix et le progrès.

A l’issue de cette journée, plusieurs propositions ont été retenues, comme celle d’éditer une brochure argumentaire sur toutes les questions touchant aux migrations, une évaluation des capacités d’accueil dans les villes, le lancement de rencontres internationales dans les régions particulièrement concernées par la présence de migrants, comme les départements proches de la Méditerranée, de la Manche et la mer du Nord, avec au cœur faire grandir la solidarité.

Patrick Margaté
Commission des relations internationales du PCF
article paru dans Communistes du 20 avril 2016