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Accord UE-Turquie : "lâche et inacceptable"

L'accord signé vendredi 18 mars entre les 28 chefs d'Etats et de gouvernements et le premier ministre turc est inacceptable.

Il confirme la volonté des dirigeants européens de fermer les portes d'entrée de l'Europe aux populations fuyant la guerre, les violences et la misère. Ainsi, à partir du dimanche 20 mars, tout réfugié arrivant sur les îles et côtes grecques sera renvoyé en Turquie. Outre la lourdeur du dispositif, cet accord fait l'impasse sur la situation de dizaines de milliers de migrants et réfugiés, déjà sur le sol européen, dont l'espoir d'être «réinstallé» dans un pays européen se réduit de plus en plus. En effet, la Commission européenne vient de diminuer de moitié ses projets de «réinstallation», passant de 160 000 à 72 000 personnes, alors qu'ils sont aujourd'hui moins d'un millier à en avoir bénéficié. Et que vont devenir les réfugiés d'Irak, d'Afghanistan, d’Érythrée, du Soudan... ?

De fait, le droit d'asile, dont les conditions sont fixées par la Convention de Genève, est foulé aux pieds et le HCR a de nouveau exigé son respect. Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon dès novembre 2015 appelait «à cesser de construire des murs et de renvoyer des gens».

La Turquie, quant à elle, se voit gratifier du label de «pays sûr», condition pour recevoir les réfugiés refoulés. Un comble. Les chefs d'Etat ont donc accepté toutes les conditions fixées par le gouvernement d'Erdogan au plan financier, politique et administratif, fermant les yeux sur la terreur orchestrée par le président turc depuis plusieurs mois, la répression féroce contre la population kurde, la chasse aux démocrates et les atteintes aux libertés d'opinion, d'expression et de la presse.

La quasi totalité des chefs d'Etats ont tout accepté, trop heureux que la Turquie leur permette de se dégager d'une partie de leurs responsabilités d'accueil et d'asile de populations en détresse. Ce «lâche soulagement» suscite de virulentes critiques des ONG, des autorités de l'ONU, des associations et des citoyens attachés aux valeurs de solidarité et d'humanité de notre continent.

A Athènes, Rome, Londres  et Genève des manifestations de protestation ont eu lieu.

Le PCF s'associe aux condamnations de cet «accord de la honte». L'Europe, première puissance économique mondiale, forte de ses 500 millions d'habitants a les capacités d'accueillir ces femmes, ces hommes et ces enfants.

La France se doit également d'ouvrir ses portes aux 30 000 réfugiés qu'elle s'était engagée à recevoir sur notre sol. Elle doit respecter ses engagements.

La France doit notamment veiller à ce que la libéralisation prévue du régime des visa accordée à la Turquie réponde effectivement aux normes et critères définis, notamment par les traités européens, concernant la démocratie, l’État de droit, le respect des libertés fondamentales, les relations avec la République de Chypre, avant l'ouverture de tout chapitre supplémentaire dans la discussion sur l'adhésion potentielle de la Turquie à l'UE.

Enfin, tout doit être mis en œuvre pour s'attaquer aux causes de cette situation : la guerre en Syrie doit cesser, la négociation actuelle aboutir et la feuille de route du Conseil de sécurité de l'ONU acceptée par toutes les parties, régime et opposition réunis, Kurdes inclus. Les autorités françaises doivent peser dans ce sens. La paix revenue sur une partie du territoire syrien,c'est la possibilité offerte à ces réfugiés de retourner dans leur pays ; c'est à ces objectifs de paix que l'UE et les pays-membres doivent consacrer leurs efforts.