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La visite de Raul Castro en France: une nouvelle étape dans les relations franco-cubaines

Après le voyage de François Hollande à La Havane en mai dernier, la visite de Raul Castro en France marque un moment fort dans les relations entre les deux pays et ouvre la perspective d’une coopération qui s’est trop fait attendre. La portée politique de l’événement est claire : Cuba est reconnue par ce qu’elle représente, par son autorité gagnée avec sa solidarité avec d’autres peuples depuis longtemps, par son action diplomatique dans le monde et en Amérique latine où elle joue un rôle moteur au sein de la CELAC. Pour la première fois aussi, un chef d’État d’une puissance capitaliste évoque haut et fort, enfin, «les souffrances inacceptables» du peuple cubain victime du blocus criminel imposé par Washington. François Hollande a réaffirmé la position de la France de condamnation de cette mesure unilatérale sans mentionner les torts qu’il a causés contre ses entreprises et banques.

La France reste cohérente avec la ligne politique suivie en ces temps de crise: la recherche de marchés pour ses entreprises et des nouvelles opportunités pour ses investissements. Pour sa part, Cuba propose des perspectives plus qu’intéressantes dans une coopération qui bénéficiera aux deux parties.

Les accords signés ouvrent un agenda bilatéral qui devra amener des investissements dans des domaines importants pour l’économie cubaine, notamment dans les infrastructures et des coopérations dans des secteurs prometteurs dans lesquels Cuba est très performante, comme c’est le cas des biotechnologies et de la pharmaceutique. Le tourisme, la santé, l’agriculture, les transports, l’énergie font aussi partie des priorités définies.

L’annulation d’une partie de la dette cubaine est certainement le principal acquis concrétisé après des négociations au sein du Club de Paris. Cuba payera 2,6 milliards d’euros des arriérés de sa dette dus à la France, 360 milliards seront échangés contre des projets de développement et les intérêts cumulés, 8,5 milliards, seront annulés. Cet accord crée les conditions pour l’arrivée de l’Agence française du développement sur l’île et met à l’aise les investisseurs qui auront le sentiment de traiter avec un pays solvable. En réalité, la France et les autres pays membres de ce club de créditeurs suivent le rythme des évolutions de la politique des États-Unis vis-à-vis de Cuba. Depuis la décision de Washington de retirer Cuba de la liste des pays soutiens du terrorisme, certaines restrictions imposées à Cuba sont levées : les États-Unis ne s’opposeront plus à l’apport de crédits pour Cuba par les institutions multilatérales et financières.

Sans attendre les prochaines évolutions des relations entre Washington et La Havane, toujours soumises aux hauts et bas de la politique intérieure des États-Unis et profitant du manque d’initiatives du gouvernement espagnol, la France se positionne à Cuba. François Hollande, en reprenant le discours de l’UE, se dit prêt «à être présent» et «accompagner Cuba sur le chemin de l’ouverture et du développement» qu’elle s’est tracé.

La «feuille de route» définie par les deux délégations est une promesse qui reste à concrétiser. L’existence du blocus, même adapté à la nouvelle stratégie des États Unis, reste une entrave pour le commerce et pour la coopération bilatérale. Il faudra au gouvernement de la France faire preuve d’une volonté nouvelle : s’attaquer à ce vestige de la guerre froide et à son volet européen, la «position commune» de l’UE.

Obey Ament
Relations internationales du PCF
Article paru dans Communistes du 10 février 2016