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Colloque organisé par le Conseil National du Kurdistan à l'Assemblée nationale

La situation des kurdes en Syrie
 

Mesdames, Messieurs,

Je voudrais d'abord remercier les organisateurs du Congrès national du Kurdistan de leur invitation au Parti communiste français à leur conférence sur la situation du peuple kurde en Syrie.

Il existe depuis longtemps des liens d'amitié et de fraternité entre nous, en faveur des droits du peuple kurde dans toute cette région.

Je tiens à exprimer le salut fraternel du Parti communiste français à tous les participants à cette journée qui, j'espère, répondra à vos vœux et nous serons attentifs à vos décisions.

Mon intervention visera à vous faire part de l'analyse du PCF sur la situation actuelle en Syrie et des enjeux qu'elle soulève pour tous les peuples de la région.

Depuis maintenant plusieurs années, nous assistons dans une grande partie du monde, à des bouleversements politiques majeurs, qui traversent plusieurs continents de l'Amérique latine, des peuples du monde arabe et même d'Europe.

Ce qui est commun à tous ces mouvements populaires souvent de portée révolutionnaire, c'est le rejet des politiques menées par des régimes autoritaires et dictatoriaux, des pouvoirs ayant perdu toute légitimité, gangrénés par la corruption, répressifs, et refusant de reconnaître les droits politiques, sociaux, culturels de leur peuple.

Souvent, ces régimes ont bénéficié, durant de longues années, du soutien des puissances occidentales qui voyaient en eux les garants de leurs intérêts politiques et économiques dans leur région.

Evidemment, la crise que connaît aujourd'hui le système capitaliste mondialisé n'a fait qu'exacerber la colère des peuples, doublement spoliés par leur pouvoir et les puissances étrangères.

Les peuples du monde arabe se sont levés il y a 18 mois. Certains ont chassé leur dictateur comme en Tunisie, en Libye et en Egypte.

Mais partout, du Maroc jusqu'au Yemen, en passant par le Bahrein, l'exigence populaire de démocratie, de liberté, de justice sociale et de dignité est posée.

Des processus de transition démocratique sont en cours. Mais les obstacles ne manquent pas. La résistance des partisans des anciens régimes, la division des forces progressistes qui a favorisé l'élection de partis religieux, la violence des groupes salafistes, et enfin la poursuite des politiques libérales voulues par les puissances occidentales, incapables de répondre aux attentes sociales.

La Syrie n'échappe pas à ces mouvements profonds qui traversent les peuples de la région.

Des manifestations massives et pacifiques pour la démocratie, la dignité, la justice sociale ont été durement réprimées par le pouvoir de Bachar Al Assad. La répression impitoyable s'est peu à peu transformée en véritable guerre contre son peuple, le pouvoir n'hésitant pas à user de sa puissance militaire face à des groupes armés constitués, et les civils sont les premières victimes de ces affrontements.

Comment sortir de cette spirale meurtrière. Pourquoi cette impasse ?

D'abord, aucun des deux camps ne paraît aujourd'hui en mesure de prendre le dessus sur l'autre.

Au plan de l'opposition syrienne, entre celle de l'intérieur et de l'extérieur, les divisions restent dominantes. Le CNS soutenu par les Occidentaux n'a pas la reconnaissance populaire, et le poids des Frères musulmans au sein des instances dirigeantes inquiète.

Au final, les appels répétés à l'union de l'opposition restent sans réponse.

Enfin, la Syrie se trouve placée au cœur de contradictions des intérêts des puissances régionales et mondiales.

La Turquie, membre de l'OTAN, le Qatar, l'Arabie Saoudite, soutiennent, financent et arment une partie de l'opposition armée dans laquelle on trouve des groupes islamistes de plus en plus présents.

Les Etats-Unis et les alliés du Golfe veulent briser l'axe Syrie-Iran-Hezbollah et transformer durablement le rapport de force d'une région riche en hydrocarbures.

De leur côté, les Russes, alliés de la Syrie, veulent préserver leur place dans cette partie de la zone méditerranéenne, et veulent se protéger de toute intrusion de groupes islamistes dans le Sud-Caucase.

Comme on le voit, le peuple de Syrie est confronté et victime à la fois d'enjeux qui dépassent ses propres intérêts.

Comme d'autres peuples, il se voit interdire de choisir librement son avenir et de construire une Syrie démocratique et laïque.

Le Parti communiste français a apporté son soutien dès le début de ce mouvement aux progressistes syriens.

Nous considérons que tout doit être mis en œuvre par tous les acteurs et les instances internationales pour parvenir à un cessez-le-feu, et d'ouvrir un dialogue politique visant au changement de régime.

Cette voie est la seule pour mettre un terme aux violences actuelles et à son flot de victimes innocentes, et évitera une extension des combats, toujours possible aux pays voisins, qui pourrait conduire à une intervention militaire étrangère dont chacun mesure les risques.

Des textes internationaux prônant de tels objectifs existent déjà : plan en 6 points de Kofi Annan, plan de Genève. Mais il manque la volonté politique de les appliquer par l'ensemble des protagonistes. L'intervention des peuples est donc nécessaire pour les imposer.

Enfin, et ce sera mon dernier point, la Syrie, à la différence de ses voisins arabes, est formée d'une mosaïque de peuples. Ces différents peuples qui la composent ont des droits, qu'ils souhaitent faire entendre et respecter.

C'est le cas du peuple kurde qui a été longtemps victime d'oppression et de discrimination de la part du régime : arabisation forcée, interdiction de la langue kurde dans les écoles, occupation des terres, refus de l'accès à la fonction publique et dans l'armée...

Nous considérons que le peuple kurde en Syrie est légitime à faire valoir ses droits au plan politique et culturel.

Ce serait une garantie et un atout pour une future Syrie démocratique et laïque.

En vous renouvelant toute notre solidarité et notre soutien, je vous remercie de votre attention.

Patrick Margaté

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le 12 octobre 2012

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