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Congrès de Göttingen des 2 et 3 juin 2012 : nouveau départ pour Die Linke

Le Congrès de Die Linke s’est tenu sous forte pression médiatique : on allait assister à la fin annoncée du parti né en 2007 de la fusion du PDS, parti issu de la transformation de l’ancien SED au pouvoir en RDA, et de la WASG, fondée en Allemagne de l’Ouest par des syndicalistes en rupture avec le SPD de Gerhard Schroeder.

Die Linke a réuni deux formations aux histoires et cultures différentes, avec également un poids électoral très différent à l’est et à l’ouest de l’Allemagne. Dans la nouvelle formation, on retrouve des courants reflétant ces différences mais qui sont loin d’être aussi structurés que ne le laisse entendre la presse qui oppose une aile « réformatrice », essentiellement implantée à l’est, désireuse de trouver des partenariats avec le SPD, et une aile « radicale », représentée à l’ouest, refusant tout compromis avec la social-démocratie convertie au néo-libéralisme.

En réalité, il n’existe pas dans Die Linke de divergences affichées sur les orientations politiques générales puisque le programme du Parti a été adopté au Congrès de Erfurt en octobre 2011 avec 96,9% des voix des délégués. Ce qui fait l’objet de controverses, c’est la question des alliances et de la participation gouvernementale, dans les Länder ou au niveau fédéral. à l’est, l’influence de Die Linke se situe entre 20% et 30%, elle devance le SPD dans plusieurs Länder et se doit donc d’offrir des alternatives de gouvernement et d’en créer les conditions ; à l’ouest, le parti est beaucoup moins influent, autour de 5%, il est très lié aux luttes sociales et adopte une attitude davantage protestataire. Mais il faut noter que des offres d’alliances gouvernementales ont été faites au SPD aussi bien dans les Länder de l’est qu’à l’ouest (en Sarre et en Rhénanie-Westphalie) et que le SPD les a partout refusées, à l’exception du Brandebourg gouverné par un gouvernement SPD-Linke.

Aux questions de stratégie politique sont venues se greffer des questions de personnes. Dietmar Bartsch, présenté comme un réformateur pragmatique de l’Est, a annoncé sa candidature dès l’automne 2011, provoquant dès lors de forts clivages et un climat de défiance à l’intérieur du parti. L’appel d’une partie des dirigeants au retour d’Oskar Lafontaine n’a fait qu’augmenter les tensions. Co-fondateur du parti avec Gregor Gysi, Oskar Lafontaine refusait d’envisager son retour à la tête de Die Linke en opposition à une autre candidature ; faute d’accord préalable avec Dietmar Bartsch, Lafontaine a donc renoncé à sa candidature.

Une confrontation a bien eu lieu lors du Congrès, mais loin de correspondre au combat fratricide annoncé, elle a été précédée des interventions de très nombreux délégués de la base du parti appelant à l’unité, au dépassement des divergences. Les deux grands discours de Gregor Gysi et Oskar Lafontaine ont certes marqué une rupture entre les deux hommes qui ont fondé le parti mais tous deux ont conclu sur la nécessité de préserver l’unité.

Devant statutairement élire deux co-présidents dont au moins une femme, le congrès a d’abord choisi sa co-présidente, Katia Kipping, largement élue avec 67,1% des voix. L’élection du second co-président a donné lieu à un résultat beaucoup plus  serré, marquant la défaite de Diemar Bartsch (45,23%) au profit de Bernd Riexinger (53,1%).

Le nouveau duo qui dirigera le parti est donc constitué d’une dirigeante jeune (34 ans), Katia Kipping, députée de Saxe au Bundestag, qui a voulu présenter une alternative à l’affrontement entre courants en ne se réclamant d’aucun d’eux et d’un syndicaliste de Stuttgart, Bernd Riexinger, dirigeant régional du puissant syndicat Ver.di, inconnu jusqu’alors au niveau national. Les deux nouveaux dirigeants ont pour eux de s’être tenus à l’écart des querelles qui ont précédé le congrès et ils ont immédiatement manifesté leur volonté de dépasser les clivages en développant l’écoute mutuelle à l’intérieur du parti et en se reconcentrant sur le contenu de la politique.

L’élection des 42 autres membres de la direction a témoigné d’un renouvellement générationnel qui devrait permettre d’aller dans le sens voulu par les deux nouveaux présidents. Les premières mesures adoptées en interne (tournée des Länder, amélioration de la communication interne) et les premières interventions politiques fortes (refus de précarité et du pacte austéritaire en Europe) sont les signes d’un nouveau départ pour Die Linke qui devrait ainsi pouvoir aborder les élections au Bundestag de l’automne 2013 avec un nouvel élan.

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Congrès de Göttingen des 2 et 3 juin 2012 : nouveau départ pour Die Linke

le 19 juillet 2012

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