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Brésil: rencontre avec Manuela D’Avila

Mercredi 5 juin, Manuela D’Avila, candidate du PCdoB à la Vice-Présidence du Brésil au côté de Fernando Haddad lors des élections de 2018, présente à Paris pour quelques jours a rencontré Fabien Roussel, secrétaire national du PCF.

Durant plus d’une heure, Manuela a répondu à nos questions sur la situation politique, la situation sociale et les conséquences de l’arrivée de Bolsanaro à la tête du Brésil. Tout d’abord, Manuela tient à  préciser que Bolsonaro est un président élu démocratiquement dans un pays qui ne connaît la démocratie que depuis 30 ans et qu’un tiers des électeurs n’a pas voté malgré l’existence du vote obligatoire.

Depuis l’élection de Bolsonaro, le Brésil est plongé dans l’inconnu, une sorte d’instabilité où il est difficile de suivre les évènements. Le gouvernement travaille à la transformation des institutions mais aussi à une violence verbale perpétuelle envers les étudiants, le système éducatif, le système de santé, envers les défenseurs de l’environnement, les militants de gauche et en particulier les communistes. Il est difficile de prévoir l’évolution de la situation politique mais une réalité, voire une obsession de ce gouvernement, est d’attaquer tout ce qu’a pu faire les gouvernements Lula et Dilma socialement, d’attaquer la démocratie. Et dans ce cadre, un projet de loi préparé par Moro (juge qui a mis Lula en prison et qui est devenu ministre de la Justice de Bolsonaro) qui pourrait criminaliser les militants communistes inquiète considérablement le PCdoB.

Cependant, Bolsonaro vit actuellement les premiers grands moments de contestation publique de sa politique. Les 15 et 30 mai, une marée humaine d’étudiants a défilé dans tout le pays pour dire non aux réductions de budget des universités et plus généralement non à la réforme Bolsonaro du système éducatif. Le Président a répondu comme à son habitude par le mépris en qualifiant les manifestants de «quelques idiots manipulés par une minorité experte qui compose le cœur des universités fédérales au Brésil» («punchline» sûrement dirigé contre les militants étudiants communistes) . Le 14 juin, une nouvelle grève nationale est annoncée.

Manuela précise que pour le PCdoB, il est important de garder l’unité à gauche dans la construction de l’offensive contre Bolsonaro mais aussi de permettre un élargissement et c’est le cas de ce mouvement étudiant qui s’exprime fortement depuis quelques semaines.

Après cette discussion sur l’actualité, Manuela D’Avila nous a parlé des techniques de fonctionnement et d’implantation de l’extrême droite, des techniques très organisées, très travaillées et redoutablement efficaces. Cette victoire s’est construite sur une base sociale dure et radicalisée contre les gouvernements précédents que l’on pourrait estimer aux alentours de 20 à 25% puis sur l’utilisation des «fake-news», des robots pour récupérer des données personnelles, et même la déformation ou la manipulation du christianisme par certains évangéliques.
A partir d’une tension sociale, ils travaillent tout ce qui peut créer de la cohésion et construit une idéologie à partir de quelques mots.
Par exemple, Bolsonara a su utiliser la crise vénézuélienne durant la campagne présidentielle en expliquant en 50 mots sur les réseaux sociaux que si la Gauche revenait au pouvoir, le peuple brésilien serait dans la même situation que le peuple vénézuélien.
Dans cette «construction», Bolsonaro sait distribuer les rôles, y compris à ses trois fils qui ont tous un rôle politique: un dans sa communication, un autre lié au crime organisé et le dernier qui agit à l’international avec Bannon pour diffuser leurs techniques et leurs idées d’extrême droite.

La rencontre s’est terminée par une discussion sur la politique environnementale de Bolsonaro et le grand écho international que peut avoir la sauvegarde des richesses de l’Amazonie. A ce sujet, Manuela souligne l’amibigüité, la légèreté de partis se disant écologistes, modernes défendant soi-disant l’Amazonie tout en soutenant l’ultra-libéralisme de Bolsonaro. Pour elle, il faut politiser cette lutte et le PCdoB travaille à le faire.

Manuela a poursuivi sa visite en France avec une conférence à Paris à l’initiative de l’association «Autres Brésils» ce même mercredi.

Cécile DUMAS,
responsable-adjointe du secteur International du PCF

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Brésil: rencontre avec Manuela D’Avila

le 06 June 2019

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