Expulsé d'Egypte, apatride, chassé d'Italie, indésirable en France où il fut un « sans-papiers » bien surveillé, Henri Curiel avait, lui, le sens de l'hospitalité, celui de la solidarité et, bien sûr, celui de l'internationalisme. Il fut un communiste.

Pourtant, il faut le dire franchement, dans ces années cinquante, notre parti ne comprit pas, ou ne voulut pas comprendre, qui il était et se méfia de lui. Par la suite, l'appréciation du PCF sur ce grand militant changea profondément, mais le mal était fait.

Un mur d'incompréhension s'est dressé pour longtemps entre Henri Curiel et les communistes français. Nous en sommes responsables, et nous le regrettons.

Il fallait que cela soit dit, aujourd'hui, à l'occasion du 20e anniversaire de son assassinat.

Les communistes français ont entrepris un réexamen de leur propre histoire, avec une volonté  de vérité et de lucidité. C'est dans cet esprit que nous rendons hommage à Henri Curiel, fondateur du Parti communiste soudanais, co-fondateur du Parti communiste égyptien, organisateur d'une précieuse solidarité avec le FLN algérien, avec le peuple palestinien, avec les peuples du Proche-Orient, comme avec tous ceux luttant en faveur de leur indépendance. Il a payé de sa vie cet engagement exceptionnel.

Soyez assurés, chers amis, chers camarades, vous qui comptez parmi ses plus proches, que le Parti communiste français est heureux de célébrer avec vous le souvenir d'Henri Curiel. Son combat est le nôtre. Il continue dans le monde aujourd'hui, avec ses oppressions, ses crises, ses guerres, mais aussi ses résistances, ses luttes, ses espoirs.

L'idée communiste, la visée communiste restent plus que jamais vivantes et nécessaires. Nous vous exprimons nos sentiments de fraternelle solidarité.

Le 30 mai 1998
Texte publié dans Recherches internationales
"Crise et avenir de la solidarité [Hommage à Henri CURIEL]"
n°52-53 / printemps-été 1998