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60e anniversaire de la révolution cubaine sous le signe de l’espoir

2019 marque le 60e anniversaire de la révolution cubaine. C’est en 1959, alors que Cuba  subissait la domination étatsunienne et de ses grandes entreprises s’enrichissant par le pillage des ressources, plongeant son peuple dans la misère, que Fidel Castro, entouré des “barbuderos” comme on les surnommait, libérait Cuba de la dictature sanglante de Batista. Une révolution qui concluait près de 150 ans de lutte pour l’indépendance vis-à-vis des États-Unis.

Point culminant des guerres de libération nationale entreprises à diverses reprises au XIXe siècle poursuivies par la classe ouvrière, des paysans, des étudiants au cours du début du XXe siècle, la révolution démocratique, populaire, agraire et anti-impérialiste s’est orientée vers la construction d’une étape socialiste. Tout au long de son histoire, Cuba aura dû faire face au débarquement de la baie des Cochons, aux sabotages, aux attentats, à l’arraisonnement d’avions et de navires, au blocus économique et financier, à la subversion politique/idéologique, aux campagnes médiatiques de diffamation et autres manifestations de l’agression impérialiste.

Pour autant, la révolution cubaine restera porteuse de progrès et à la pointe en termes d’éducation et de santé, dans un moment où l’Amérique latine subit une offensive néolibérale. Durant 60 ans, les meilleurs ambassadeurs de cette révolution resteront les Cubains eux-mêmes par la solidarité déployée : soutien militaire aux peuples en lutte pour la liberté, milliers de médecins, d’enseignants déployés en Afrique, en Asie et en Amérique latine.

Face à un blocus tentant de faire plier Cuba en l’empêchant d’accéder aux mécanismes d’investissement de production et de commerce mondialisé pour l’obliger d’accepter et d’introduire dans son système socio-économique et modèle politique des mécanismes qui le conduiraient au sous-développement et à l’asservissement, le processus révolutionnaire relèvera le défi par la recherche de développement, de coopération multiforme à l’international.

Cuba, tout en s’engageant dans la mixité publique/privée, saura évoluer en ne lâchant jamais sur la question de la maîtrise publique et sociale, en favorisant l’intervention populaire et démocratique, en évitant toute concentration de la propriété et de la richesse pour préserver un modèle : celui du socialisme.

Dans le même temps, la bataille de solidarité internationale pour la fin du blocus permettra des avancées : résolution votée à l’unanimité moins 2 voix (États-Unis/Israël) à l’ONU fin 2018, accords de coopérations entre la France et Cuba. Idem de l’Union européenne qui, par la voix de Federica Mogherini, haute représentante de la politique étrangère et la sécurité en visite officielle en Amérique latine dernièrement, a affirmé que « le blocus économique et commercial des États-Unis contre Cuba est obsolète et illégal, c’est pourquoi l’UE s’efforcera d’y mettre fin… » Tout comme … « les États-Unis doivent renoncer aux manifestations de force, car elles ne mènent nulle part et constituent en réalité une marque de faiblesse… Nous vivons dans un monde difficile et nous devons éviter que de nouveaux conflits viennent s’ajouter à ceux, nombreux, que nous avons déjà. Construire des murs est inutile, ils ne peuvent qu’aggraver la situation. La vraie force réside dans le dialogue et la coopération… la seule alternative au désordre international actuel est un ordre mondial plus coopératif, plus juste et plus solidaire fondé sur le multilatéralisme. »

C’est sur la base de ces bougés que, sous l’impulsion du successeur à Fidel et Raul Castro, Miguel Diaz Canel a enclenché depuis de nombreux mois un débat démocratique avec l’ensemble des Cubains « de l’intérieur comme de l’extérieur » sur une réforme de la constitution cubaine qui sera soumise à référendum en février prochain. Une réforme en profondeur préservant les fondements politiques d’un État socialiste et révolutionnaire, touchant à des objectifs essentiels comme le développement durable, la structuration du pouvoir et du fonctionnement des institutions, le mariage entre personnes de même sexe, les formes de propriétés, la protection de la famille, la question de la justice et de l’équité sociale, de l’emploi, de la citoyenneté effective, des relations internationales.

Un 60e anniversaire de la Révolution qui s’inscrit, en 2019, comme une année de défis, de victoire et d’espoir à Cuba qui reste le symbole fort de résistance, d’acquis sociaux, culturels de premier plan.

Laurent Péréa
Membre du Conseil national du PCF
Responsable adjoint des Relations internationales chargé de l’Amérique Latine
article paru dans Communistes du 16 janvier 2019