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Forum mondial : globaliser la lutte

Le Forum social mondial (FSM) 2018 à Salvador de Bahia a d'abord été marqué par le combat qui se mène en Amérique latine avec un déchaînement des forces capitalistes, des gouvernements états-unien et européens, la férocité du coup d’État institutionnel que subit le pays jour après jour.  On mesure l’ampleur du délitement des bases démocratiques et des fondations sociales du Brésil tandis qu’on assiste à une militarisation croissante de l’espace public sous prétexte de sécurité. La répression et le meurtre sont devenus des instruments de la régulation sociale dans un Brésil miné par la misère (plus 3 millions de pauvres en deux ans).

Il a ensuite démontré l'évolution des mouvements sociaux. En ce qui concerne le groupe Gauche unie européenne que je représentais, nous avons participé à la  discussion et à des motions autour de l’urgence de renforcer le mouvement anti MEFTA (traité de libre-échange entre UE et pays Amérique latine), en travaillant l’unité du mouvement paysan face aux grandes entreprises agricoles transnationales ; celle pour imposer les questions de l’eau et la sécurité alimentaire sous maîtrise publique car universelles et porteuses au même niveau des exigences d’appropriation sociale, d’écologie et de gestion démocratique, et plus globalement l'urgence de prendre en compte les enjeux de décarbonification mais également les équilibres territoriaux et des mouvements humains.

Il est important de souligner la force des femmes, omniprésentes dans ce FSM 2018 et au cœur de la relance du combat social. L'assassinat de Marielle Franco, élue de Rio et militante des droits, a eu l'effet d'une déflagration à Salvador et a généré une colère et un émoi populaire qui montrent combien le combat féministe est devenu une clé de celui pour l'émancipation.

Il est également important de dire la place qu’a pris la solidarité aux migrants qui donnera lieu à un FSM migrants à Mexico du 2 au 4 novembre prochains. Globaliser la lutte, globaliser l’espoir, retrouver les chemins de l’unité. Malgré le grand écart de température, il est important de rapprocher ce qui s'est passé au Brésil et le mouvement social qui grandit ici en France. Jusqu’aux modes de stigmatisation de la mobilisation sociale et de la répression de ces acteurs qui doivent nous alerter : depuis quand un pouvoir qui démissionne les instances démocratiques d’une université, et jusqu’à quand un président qui puisse se vanter de ne pas tenir compte de la rue ?

Marie-Pierre Vieu,
députée européenne PCF
article paru dans Communistes du 28 mars 2018