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#StopErdogan: Mobilisation générale le 24 mars pour stopper Erdogan

À l’heure où ces lignes s’écrivent, Afrin (nord de la Syrie) est sous un déluge de feu tandis que l’armée turque et ses supplétifs de Daech et d’alNosra contrôlent désormais la ville. Depuis soixante jours, les combattants kurdes opposaient aux bombardements, aux destructions et aux exactions une résistance héroïque, seuls, abandonnés et trahis par ceux qui, voici encore quelques semaines, les encensaient pour leur engagement face à la barbarie djihadiste. Privés d’eau et de réseaux de communication, affamés, ils fuient maintenant par milliers pour échapper aux pillages, aux massacres, aux viols et aux égorgements des troupes d’Ankara. Le bilan humain provisoire est terrible avec en quelques jours près de 300 victimes, un millier de blessés dont de nombreux enfants. Après les Arméniens il y a un siècle, les Kurdes ont tout lieu de craindre l’attitude génocidaire de R.T. Erdogan.

Les masques sont tombés devant ceux qui feignaient de croire que la Turquie, sans jamais avoir été menacée, entendait protéger sa frontière. Sans ambages, R.T. Erdogan vient de déclarer : « Maintenant, le drapeau turc flotte là-bas. » Dans sa politique de conquête de territoires d’un État souverain, il entend désormais poursuivre l’offensive dans tout l’espace kurde jusqu’à la frontière irakienne avec la bénédiction de Moscou et de Washington. L’épuration ethnique qui se dessine vise clairement à faire d’Afrin une base arrière d’enracinement du terrorisme islamiste avec de lourdes conséquences pour la région, l’Europe et la France.

Le silence médiatique qui a entouré cette agression et qui contraste avec le traitement légitime des massacres dans la Ghouta orientale a constitué un encouragement pour les exactions sanguinaires de R.T. Erdogan. Cette attitude incompréhensible atteint l’odieux lorsque certains médias endossent la rhétorique vengeresse d’Ankara qui consiste à qualifier de terroristes le PYD, le PKK et tous les opposants à cette dictature fasciste. Cette couardise a constamment occulté le terrorisme de l’État turc.

Le gouvernement français a commis une grave faute en considérant que l’on pouvait comprendre R.T. Erdogan et en faisant preuve à son égard d’une tolérance complice. Nul ne peut croire qu’Emmanuel Macron, qui a reçu début janvier le président turc, ignorait ses intentions. Certes, à une question orale de Pierre Laurent unanimement saluée au Sénat, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a concédé que « la situation était grave» après avoir légitimé, lors d’une interpellation de Jean-Paul Lecoq à l’Assemblée nationale, la propagande d’Ankara. Les crimes de guerre exigent plus que des paroles. Ce lâche silence va-t-il se poursuivre à Paris et à Bruxelles alors que R.T. Erdogan incendie à nouveau la Syrie et multiplie les provocations à l’égard de Chypre et de la Grèce ? La France et l’Union européenne doivent parler plus fermement, condamner la politique d’Ankara, exiger l’interdiction du survol de l’aviation turque et son retrait du territoire syrien. Dans ce contexte, le transfert de trois milliards d’euros par l’UE à la Turquie, pour gérer la crise migratoire, est indigne et illustre le manque de courage politique face à cette tyrannie, d’autant que des procédures judiciaires s’engagent en France, en Belgique et en Allemagne afin de mettre un terme aux opérations des services secrets turcs (MIT) visant à éliminer, sur le continent, des dirigeants kurdes.

L’heure est donc à la mobilisation générale pour Afrin et pour sauver l’expérience démocratique et pacifiste du Rojava. Pierre Laurent et Jean-Paul Lecoq ont interpellé le Président de la République et sollicité une audience, qu’ils souhaitent transpartisane, car l’urgence est absolue. Cet appel à l’opinion publique a trouvé un large écho à l’occasion de la conférence de presse organisée par les parlementaires communistes et qui a réuni de très nombreux élus de tous les groupes. Aux côtés d’Hubert Wulfranc et d’Alain Bruneel, on notait la présence de Clémentine Autain et de François Pupponi. Les voix des responsables kurdes Agit Polat et Nursel Kilic ont résonné et se sont amplifiées avec la tenue à Paris du Tribunal permanent des peuples pour juger des crimes de la Turquie. Des manifestations se dérouleront en Europe le 24 mars 2018. Dans toutes les grandes villes françaises des défilés auront lieu et le PCF entend contribuer à en faire un succès pour exprimer sa solidarité totale avec les Kurdes qui incarnent le combat pour la liberté, la paix et la démocratie. Notre honneur aujourd’hui est de protéger partout les Kurdes.

Pascal Torre
Secteur international du PCF
article paru dans Communistes du 21 mars 2018