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Népal : un nouveau départ ?

Le Népal, ce petit pays de 26 millions d’habitants, un des plus pauvres de notre planète (340 US$ de revenu moyen annuel par habitant), au milieu de l’Himalaya, enclavé entre l’Inde et la Chine, terre d’accueil au siècle dernier de ceux en quête de paradis artificiels et d’aspiration existentielle à la méditation transcendantale, est en passe de franchir une étape décisive de sa longue histoire. Après avoir renversé la monarchie de droit divin, au terme de dix années de guerre civile avec son lot de victimes et de misères, l’Assemblée constituante, dès sa séance inaugurale en avril 2008, proclame l’abolition de la monarchie de droit divin, renvoie le roi Gyanendra à ses seules occupations d’homme d’affaires ordinaire, et institue la République démocratique fédérale du Népal.

Les difficiles relations entre les trois partis majeurs(1) ont conduit à une grande instabilité institutionnelle et dix premiers ministres successifs au cours des onze dernières années. La gravité du tremblement de terre le 25 avril 2015 et ses 9 000 victimes ont absorbé l’attention de la société népalaise dans ses efforts pour panser ses plaies et assurer les reconstructions. La Constitution entrée en vigueur le 20 septembre 2015 organise le pays sur une base fédérale et une autonomie reconnue aux sept provinces. La mise en place de ces nouvelles institutions fut lente, remplie de péripéties, pour aboutir en 2017 et 2018 aux élections démocratiques des instances responsables aux divers niveaux constitutionels. Surmontant leurs inimitiés anciennes, les deux Partis communistes se sont associés pour les récentes élections. Cette coalition a très largement réuni les votes populaires : le PCN-M remporte 22 % des sièges à l’Assemblée nationale et le PCN-UML 49 % ; ils disposent de la majorité absolue dans six des sept assemblées provinciales. Le Parti du Congrès est le grand perdant de cette séquence électorale. Khadga Prasad OLY, un des dirigeants historiques du PCN-UML, vient d’être nommé Premier ministre et cédera son poste à un responsable du PCN-M actuel à mi-mandat de la législature de cinq ans.

Le mot actuel prend ici toute sa signification, car les deux Partis communistes sont engagés dans un processus de réunification en un « Parti communiste népalais ». Le 10 février dernier, P.K. Dahal (PCN-M) pouvait affirmer dans le Kathmandu Post : « Nos discussions concernant l’unification du Parti vont dans une direction positive. » Leur Comité de coordination s’est réuni le 14 février dernier pour finaliser le projet en 7 points et définir le partage des responsabilités au sein du nouveau « Parti communiste népalais ». La direction du Parti serait confiée à 2 co-présidents dotés du même statut hiérarchique.

Cette réunification est la condition essentielle pour que soit effectivement posée la question des transformations structurelles dans tous les domaines de la vie sociale et le prélude incontournable à leur mise en œuvre dans ce pays multiethnique à la centaine de communautés dont nombre d’entre elles, tels les Madhésis dans la plaine du Téraï, aspirent à plus de reconnaissance et à une gouvernance efficace et probe (l’ONG Transparency international situe le pays à la 122e place sur 180 dans l’indice de perception de la corruption – Kathmandu Post, 22 février 2018).

P.K. Dahal le soulignait : « La réunification du Parti est la condition pour la prospérité du pays. Cette réunification renforce l’objectif d’assurer une bonne gouvernance dans le pays... la réunification du Parti représente une base solide sur le chemin de la prospérité. »

Christiane Marcie
Relations Internationales
article paru dans Communistes du 28 février 2018

(1) PCN-M (Parti communiste du Népal-marxiste, tendance maoïste) ; PCN-UML (Parti communiste du Népal-marxiste-léniniste-unifié) ; Parti du Congrès, social-démocrate.