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DSK la gauche, 2012

le 09 June 2011

DSK la gauche, 2012

 

L’image est brutale. Comme la société américaine. Hier au pinacle, Dominique Strauss-Kahn connaît l’humiliation des menottes, des cellules en sous-sol, d’être exhibé mal rasé devant la presse. La justice des États-Unis n’est pas exemplaire… Jusqu’à cette heure, les faits ne sont pas établis et la présomption d’innocence est un impératif absolu, quand bien même le président de la République s’en est dégagé à plusieurs reprises. Devant le sitcom permanent qui mobilise les chaînes de télévision, il convient de le rappeler. Peu à peu, un scénario se dessine au fil des déclarations de la police américaine et des fuites organisées par des diplomates français auprès du site internet sarkozyste Atlantico. Mais faut-il s’y fier ? S’ils trou­vaient confirmation, la gravité de l’acte devrait se mesurer à la peine infligée à l’homme public comme à n’importe quel citoyen. Alors que les rumeurs courent sur d’autres comportements déplacés de la part de DSK, il faut lever la chape de plomb apposée sur les abus, notamment exercés sur des femmes, par ceux qui détiennent le pouvoir dans la cité et dans l’entreprise. Le viol est un crime que rien n’excuse. Les électeurs de gauche, et particulière­ment ceux du Parti socialiste, sont stupé­faits, choqués et inquiets. Ils ne sont ni orphelins ni désarmés... « Il n’est pas de sauveur suprême, ni dieu, ni césar, ni tri­bun », rappelle l’Internationale et le destin des progressistes n’était pas suspendu aux lèvres d’un homme qui n’avait pas encore déclaré sa candidature et dont le bilan à la tête du FMI était fortement discuté par ceux qui ne jugent pas que les peuples doivent régler les factures des banquiers et les comptes publics assurer le train de vie des marchés financiers. Les Grecs, les Portugais et les Irlandais sont 
les victimes avérées des plans du FMI et de la Commission de Bruxelles… Quelles que soient les suites de cette affaire, le PS aura un candidat au prin­temps prochain – « les primaires auront lieu aux dates prévues », a affirmé Harlem Désir – et d’autres que lui brigueront les suffrages de la gauche. Celle-ci ne devra pas son succès aux soubresauts bien sou­vent télécommandés des sondages, non plus qu’à la séduction d’un individu, mais à sa capacité à répondre aux aspirations d’un peuple, blessé par quatre années de sarkozysme, irrité par l’arrogance des oli­garques, agacé par l’indifférence des puis­sants à l’égard de ses souffrances. C’est donc de programmes, de propositions, d’audace dont il s’agit de parler. Et d’une ambition sociale qui enfin ne se désagrège pas au premier froncement de sourcil des actionnaires du CAC 40. Tandis que l’inculpation de DSK faisait la une des médias, Pierre Laurent appelait au Blanc-Mesnil à se mobiliser contre la vie chère. C’est sans doute plus bénéfique à la gauche que les ritournelles du bal des pré­sidentiables. Ainsi le malheur de l’un ou la souffrance de l’une ne fera pas le bon­heur d’un autre, remparé dans son château de l’Élysée et assiégé par son impopu-larité.     Gérard Streiff.