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19e Rencontre internationale des partis communistes et ouvriers - St Pétersbourg, 1er-3 novembre 2017

Intervention de Vincent Boulet, membre du Conseil national du PCF, et représentant du PCF au Bureau exécutif du Parti de la gauche européenne.

 

Chers camarades,

Je vous transmets le salut fraternel des communistes de France et de leur secrétaire national, Pierre Laurent, également vice-président du Parti de la gauche européenne. Je veux d'abord remercier et féliciter les camarades et la direction du KPRF pour l'organisation de notre rencontre.

A l’heure où menace une nouvelle déflagration boursière, à l’heure où les rapports de forces se militarisent et où une nouvelle fois se vérifie la phrase du grand socialiste français Jean Jaurès « Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage », à l’heure où le fascisme et les courants xénophobes tentent de diviser les travailleurs entre eux, les responsabilités les partis communistes sont extrêmement importantes. Dans les pays membres de l'Union européenne, sa construction et sa politique soumise aux dogmes capitalistes et à l'OTAN rencontre un rejet massif au sein des peuples.

La bourgeoisie cherche à tout prix à sortir de la crise existentielle de l'UE et de la crise d'hégémonie de l'Europe occidentale au mépris de ce rejet, des colères et des souffrances populaires qu'elles provoquent. Emmanuel Macron est le produit de cette tentative. Il allie d’une part attaque frontale pour liquider les conquêtes sociales du mouvement ouvrier français venues du Front Populaire de 1936 et de la lutte contre le nazisme, et d’autre part relance de « l’Europe de la défense » en réalité compatible avec l’OTAN et sous la pression des gouvernements militaristes d’Europe de l’Est. Macron développe un discours opposant les partisans de l’« ouverture » libérale à ceux de la « fermeture » nationaliste et xénophobe.

La bourgeoisie européenne veut enfermer les peuples dans un dilemme mortel entre régression sociale du fait des politiques néolibérales et régression nationaliste et xénophobe. C’est évidemment un moyen pour elle de reconstruire son hégémonie.

En France, le Front national de Marine Le Pen s'inscrit dans ce qu'il désigne comme la stricte opposition entre « mondialistes » et « patriotes ». Le Front National demeure une organisation fasciste car elle veut recomposer la société française sur une base xénophobe. Il n’a jamais rompu avec ses origines fascistes. Le conseiller financier de Marine Le Pen par exemple dit encore aujourd’hui admirer Léon Degrelle, commandant la légion SS Wallonie, qui combattit la glorieuse Armée rouge ouvrière et paysanne et massacra des civils soviétiques.
La nébuleuse FN est non seulement impliquée dans la fourniture d'armes à des attaques terroristes perpétrés au nom de l'organisation de l'Etat islamique mais une enquête est en cours concernant l'un de ses membres qui préparait une attaque et des meurtres ciblés. En France, des militants communistes sont régulièrement agressés par des membres du FN et des locaux du PC ont été saccagés dans certaines villes.

Les communistes doivent refuser d’entrer dans ce jeu d’opposition entre « mondialistes » et « patriotes » qui annihile toute perspective progressiste en faveur de l’intérêt des peuples.

Lénine disait de l’antisémitisme « Ce ne sont pas les juifs qui sont les ennemis du peuple travailleur. Les ennemis des ouvriers sont les capitalistes de tous les pays. Parmi les juifs, il y a des travailleurs, et ils forment la majorité. Ce sont nos frères, qui, comme nous, sont opprimés par le capital ; ce sont nos camarades dans la lutte pour le socialisme. Parmi les juifs, il y a des koulaks, des exploiteurs et des capitalistes, tout simplement comme il y en a chez les russes, et parmi les peuples de toutes les nations ». Et aujourd'hui comme hier, ce ne sont pas les juifs, ce ne sont pas les musulmans qui sont les ennemis des ouvriers. Ce ne sont pas les immigrés, ce ne sont pas ceux qui fuient la guerre et la misère au risque de leur vie qui sont les ennemis des peuples qui les accueillent sur leur sol.

Face aux offensives de la bourgeoisie et à l’essor des idées xénophobes, les communistes doivent prendre leurs responsabilités et faire une offre politique aux peuples et aux forces progressistes, politiques et sociales, pour rassembler une majorité et faire naître une perspective de pouvoir qui ouvre des brèches dans la domination capitaliste.

Cette offre politique se décline en trois axes.
Le premier concerne la lutte des travailleurs contre la rapacité de la bourgeoisie. On ne peut pas vivre avec moins de deux dollars par jour. Même en France, il y a 1 million de pauvres en plus qu’en 2008. Un cadre législatif international contraignant sur les salaires est indispensable.
Le deuxième axe concerne la souveraineté populaire, la démocratie, dans l’Etat et dans l’entreprise. Il s’agit du droit des peuples et des nations à se gouverner comme ils l’entendent. Parce que les nations sont des « sociétés politiques » rassemblant tous ceux qui vivent sur un sol donné comme disait Robespierre et non une construction inégalitaire basée sur le sang, sur l’hérédité et sur les hystéries racistes. Il est temps, par exemple, de remplacer une Union Européenne placée sous le signe du capital par une union des peuples et des nations libres, souverains et solidaires.
Le troisième concerne la paix et le désarmement. Il faut sortir de la logique de blocs opposés qui emmène le monde vers la guerre.

Les peuples européens et les peuples de l’ancienne Union Soviétique peuvent se mettre autour d’une même table, sans condition préalable, dans une sorte de 2e conférence d’Helsinki pour chercher un accord global. Cela implique de rompre avec l’OTAN, afin de se placer dans la perspective de créer un espace commun de coopération, de paix et de sécurité de Brest à Vladivostok. En premier lieu, l’UE doit lever ces absurdes et inutiles sanctions à l’encontre de Moscou qui ne servent qu’à nourrir les haines et les nationalismes. La France, désormais seul Etat à être à la fois membre de l’UE et membre permanent du conseil de sécurité de l’ONU, doit prendre une initiative diplomatique dans ce sens.

Chers camarades, le monde est au bord d’une grande régression qui remet en cause les conquêtes sociales et démocratiques du prolétariat. Les partis communistes ne peuvent pas rester passifs.
Comme le disaient nos ancêtres de l’Internationale Communiste, l’heure est au front unique capable de rassembler des majorités populaires et politiques capables d’arrêter la marche à la catastrophe et d’ouvrir une nouvelle voie dans l’intérêt des peuples.
C'est notamment pour toutes ces raisons que nous accueillerons les 10 et 11 novembre à Marseille le premier forum des gauches européennes.

 

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Traduction anglaise :

Dear Comrades,

I bring you warm greetings from the Communists of France and the Party’s National Secretary, Pierre Laurent, who is also Vice President of the Party of the European Left. I would like first of all to thank and extend our best wishes to the comrades and leaders of the KPRF who have organised this meeting.

Today, as we are facing the threat of a new stock market explosion; as armed conflict among the world powers looms; the words of the great French Socialist Jean Jaurès ring true: “Capitalism bears war like the clouds bear the storm”. Today, as fascism and xenophobic trends seek to divide workers, communist parties have a huge responsibility. In European Member States, the construction of the Union and its policies has been subject to capitalist dogma and NATO control, which the people massively reject.

The bourgeoisie seeks at all costs to pull out of the EU’s existential crisis and the hegemonic crisis of Western Europe while continuing to ignore the people’s rejection, anger and suffering. Emmanuel Macron is the product of this bourgeois ambition. On the one hand, he rallies a frontal attack on the social achievement of the French workers’ movement that rose from the Popular Front in 1936 and the struggle against Nazism; while on the other, he revives the notion of “Europe of defense”, which is in fact compatible with NATO, under the pressure of militaristic Eastern European governments. Macron exploits an approach that opposes partisans of liberal “openness” to those in favour of “closed” nationalism and xenophobia.
The European bourgeoisie wants to lock people into a moral dilemma by setting off social regression created by neo-liberal policies against regression due to nationalism and xenophobia. Clearly the goal is to shore up the existing hegemony.
In France, Marine Le Pen’s National Front defines itself through a strict opposition between “globalists” and “patriots”. The National Front remains a fascist organisation in as much as it seeks to rebuild French society on a xenophobic basis. It has never broken with its fascist origins. For example, Marine Le Pen’s financial advisor still professes his admiration for Léon Degrelle, the SS Division “Wallonia” Commander who fought against the glorious Red Army of workers and peasants and massacred Soviet civilians. The National Front’s nebulous network is not only linked to arms used in terrorist attacks carried out in the name of the Islamic State, an investigation is underway on one of its members who was preparing an attack and specific assassinations. In France, National Front members regularly assault Communist activists and our premises are ransacked in some cities.

Communists must refuse to enter into this supposed face-off between “globalists” and “patriots” that annihilates all prospects for progress in the interest of the people. Lenin said of anti-Semitism: “It is not the Jews who are enemies of the working people. The enemies of the working people are the capitalists of all countries. There are workers amongst the Jews, and they are the majority. They are our brothers, like us, they are oppressed by capital; they are our comrades in the struggle for socialism. Amongst the Jews, there are kulaks, exploiters and capitalists, just as they exist among the Russians and indeed within all nations.” And today, as in the past, it is not the Jews and it is not the Muslims who are the workers’ enemies. Nor is it the immigrants, those who risk their llives to flee war and deep poverty, who are the enemies of the people who welcome them to their lands.

Faced with the offensive attacks of the bourgeoisie and the rise in xenophobic ideas, Communists must shoulder their responsibilities and bring a political plan to the people and to progressive forces, both political and social, assembling a majority that will reveal a new perspective of power, breaching capitalist domination. This political proposal can be developed along three lines.
The first is the workers’ struggle against bourgeois greed. It is not possible to live on less than two dollars a day. Even in France, there are a million more poor people than in 2008. We must create a binding international legislative framework covering salaries.
The second line covers popular sovereignty and democracy within the State and at the workplaces. This concerns the right of people and nations to choose their own government. Because nations are “political societies” that unite all those living in a given land, as Robespierre said, and not an unequal arrangement based on bloodlines, heredity and racist hysteria. For example, it is time to replace the European Union under the rule of capital by a Union of free peoples and nations, sovereign and united in solidarity.
The third line is peace and disarmament. We must leave behind the opposing blocs that set the stage for world war. The people of Europe and the people of the former Soviet Union can meet around the same table, without any preconditions, in a sort of second Helsinki Conference, to reach a global agreement. This implies breaking off from NATO, in order to create a common space for cooperation, peace and security, from Brest to Vladivostok. First of all, the EU must lift the absurd and useless sanctions against Moscow that only feed hatred and nationalism. France, now the only country that is both a member of the EU and a permanent member of the UN Security Council, must take diplomatic steps in that direction.

Dear comrades, the world is on the brink of a great regression that threatens the proletariat’s social and democratic conquests. Communist parties must not remain passive.

As our forebears from the Communist International said, it is time for a united front that can bring together popular and political majorities that can stop today’s march to disaster and turn in a new direction that leads to the people’s wellbeing.

For all of these reasons, we are hosting the first Forum of the European Left next 10 and 11 November in Marseille in France.

 

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Traduction russe :

Дорогие товарищи,
Передаю вам братский привет от коммунистов из Франции и лично от генерального секретаря партии Пьера Лорана, одновременно являющегося и вице-президентов партии Евролевых. Во-первых, позвольте мне поблагодарить и поздравить товарищей, а также руководство КПРФ, за организацию этой конференции.

Мы живём в опасное время, когда назревает новый финансовый кризис, когда мировые державы участвуют в гонке вооружений, когда как никогда актуальна фраза французского социалиста Жана Жореса: «Капитализм несёт в себе войну, как туча – грозу». Фашизм и ксенофобские течения пытаются разделить рабочий класс. И именно сейчас особенно важна роль и ответственность за мир коммунистического движения. В Европейском союзе входящие в него страны подчинены капиталистическим догмам, а интересы НАТО встречают резкий протест со стороны народа. Буржуазия пытается найти выход из экзистенциального кризиса Европы, но Западная Европа, обладая всей полнотой власти в союзе, закрывает глаза на эти чаяния, на страдания и гнев, который сама же и порождает. Приход Эммануэля Макрона к власти – яркий пример тому. С одной стороны, его политика направлена на ликвидацию социальных завоеваний, полученных в результате борьбы французского рабочего класса со времён Народного фронта с 1936 года, и в борьбе с нацизмом. С другой – под давлением милитаристских стран Восточной Европы он возвращается к логике «обороны», практически повторяя в этом НАТО. Риторика Макрона – это скорее не либеральная «открытость», а националистическая «закрытость», основанная на ксенофобии. Европейская буржуазия хочет навязать людям страшный выбор между социальным регрессом, вызванным неолиберальной политикой, и регрессом, связанным с ксенофобией и национализмом. Естественно, что этим она пытается установить свою гегемонию. Во Франции Национальный фронт под руководством Марин ле Пен занят, как он это сам называет, в борьбе между «глобалистами» и «патриотами». Национальный фронт – это фашистская организация, так как желает перестроить французское общество на базе ксенофобии. И она никогда не разрывала связь со своими фашистскими корнями. Так, финансовый консультант Марин ле Пен даже сейчас открыто выражает свое восхищение Леоном Дегреллем, командующим легионом СС «Валлония», сражавшимся со славной Красной армией рабочих и крестьян и учувствовавший в убийствах советских мирных граждан. Несколько близких к Национальному Фронту людей не только связаны через сложную схему с поставками оружия для свершения терактов от имени Исламского государства. Сейчас идёт расследование по поводу одного из этих крайно правых людей, подозреваемого в подготовке терактов с целью убийства людей. Во Франции члены Компартии не редко подвергаются физическим нападениям со стороны активистов Национального фронта, некоторые региональные отделения КПФ были также ими атакованы.
Коммунисты не должны действовать в рамках этой борьбы «глобалистов» и «патриотов», так как это закрывает путь какой-либо прогрессивной перспективе действий во благо народа. Как говорил Ленин: «Не евреи враги трудящихся. Враги рабочих - капиталисты всех стран. Среди евреев есть рабочие, труженики, - их большинство. Они наши братья по угнетению капиталом, наши товарищи по борьбе за социализм. Среди евреев есть кулаки, эксплуататоры, капиталисты, как и среди русских, как и среди всех наций. Капиталисты стараются посеять и разжечь вражду между рабочими разной веры, разной нации, разной расы. Народ нерабочий держится силой и властью капитала. Богатые евреи, как и богатые русские, как и богачи всех стран, в союзе друг с другом, давят, гнетут, грабят, разъединяют рабочих». Так и сегодня – враги трудящихся не евреи, не мусульмане. Не иммигранты, не те люди, которые с риском для жизни спасаются от ужасов и нищеты войны представляют опасность для людей, принимающих их на своей земле.

Перед напором буржуазии, в условиях роста ксенофобских настроений, коммунисты должны осознать свою ответственность и дать людям политическую и социальную альтернативу, объединить прогрессивные силы, создать большинство, чтобы представлять из себя силу, способную взять власть и закрыть дыры, созданные капитализмом. И эта работа должна вестись по трём направлениям. Во-первых, нужно бороться против ненасытности буржуазии. Невозможно жить на сумму меньше двух долларов в день. Даже во Франции количество бедных увеличилось на 1 миллион, по сравнению с 2008 годом. Необходимо принять международные нормы оплаты труда. Во-вторых, необходимо исходить из понятия суверенитета народа в государственном масштабе и в рамках предприятия. Речь идёт о праве народов и наций решать самим, какое правительство у них будет. Так как «нация» - это «политический коллектив», в который входят все живущие на определённой земле, как говорил Робеспьер, а не общество, выталкивающее из себя людей «неправильного» происхождения, где привилегии передаются по наследству, и в котором царит расистская истерия. Пришла пора заменить Европейский союз, капиталистическое образование, союзом свободных наций и народов, суверенных и солидарных. Третье положение касается вопросов мира и разоружения. Необходимо порвать с логикой противоборствующих блоков, которая ведёт мир к войне. Европейские народы и народы бывшего Советского Союза могут сесть за один стол переговоров, создать своего рода Вторую Хельсинскую конференцию и прийти к общему решению. Это будет означать разрыв с НАТО, но и создание общего пространства для взаимодействия, мирного и безопасного, от французского Бреста до Владивостока. И для этого Евросоюз должен сначала порвать с абсурдными и бесполезными санкциями против России, которые радуют только националистов и питают ненависть. Франция, которая на сегодняшний день остаётся единственной страной, имеющей одновременно членство в Евросоюзе и в Совете безопасности ООН, должна взять на себя дипломатическую инициативу для этого.

Дорогие товарищи. Мир находится в стадии общего регресса, что касается социальных и демократических достижений пролетариата. Как говорили наши предшественники из Коминтерна, пришло время создать единый фронт, способный собрать большинство среди пролетариата и демократически настроенного сообщества. Коммунистические партии не могут оставаться в стороне. Именно поэтому 10 и 11 ноября мы собираем в Марселе первый форум европейских левых движений и партий.

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19e Rencontre internationale des partis communistes et ouvriers - St Pétersbourg, 1er-3 novembre 2017

le 03 November 2017

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