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« Europe de la défense »: L’UE dans la logique du surarmement

Le Conseil européen des 22 et 23 juin 2017 est entré dans le concret de l’application des orientations décidées lors du Sommet de Bratislava en septembre 2016. À l’époque, suite au Brexit, les chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne n’avaient rien trouvé de mieux pour relancer «l’Europe» que le projet de «défense européenne commune» et la création d’un nouveau fonds pour l’industrie de la défense.

L’élection de Donald Trump a fourni l’occasion de renforcer l’argumentaire des tenants d’une défense européenne intégrée: face au risque supposé de voir les États-Unis se désintéresser de l’Europe et considérer l’OTAN comme dépassée, il serait urgent que l’Union européenne «se dote de toutes les capacités militaires, des ressources industrielles nécessaires, pour construire son autonomie stratégique». S’agirait-il pour l’UE d’assurer sa sécurité par ses propres moyens en s’affranchissant des USA?

L’«autonomie» dont il est question est un gigantesque mensonge véhiculé par les gouvernements européens car le communiqué officiel du dernier Conseil précise sans ambiguïté que «la relation transatlantique et la coopération entre l’UE et l’OTAN demeurent fondamentales pour notre sécurité globale», dans la droite ligne de la déclaration commune signée à Varsovie par les dirigeants de l’UE et de l’OTAN.

Le Conseil européen a donc décidé de lancer une «coopération structurée permanente» (CSP) ambitieuse et donne trois mois aux États pour établir une liste de critères, engagements et projets afin d’engager cette coopération. Le président du Conseil, Donald Tusk, a souligné en conférence de presse qu’«une telle coopération permettra à l’UE d’aller vers une intégration plus poussée en matière de défense». En outre, le Conseil s’est prononcé pour que soit «rapidement» concrétisé le «fonds européen de la défense» et établi un «programme européen de développement industriel dans le domaine de la défense». Mais là aussi, il est explicitement déclaré que «ce travail doit être cohérent avec la planification de défense nationale des États membres et les engagements convenus dans le cadre de l’OTAN». Le président français a salué le «caractère historique» des décisions prises et souhaité «aller plus loin dans le cadre franco-allemand lors du Conseil des ministres franco-allemand du 13 juillet prochain». Concrètement, cela signifie que l’UE se met en ordre de marche pour répondre aux exigences de l’OTAN, les fameux 2% du PIB que chaque pays doit consacrer à la défense, et se lance donc dans une nouvelle course aux armements. La France ne sera pas en reste puisque le premier ministre a confirmé au Salon de l’aéronautique au Bourget que «la France augmentera de façon significative son effort en faveur de la Défense pour atteindre 2% du PIB en 2025».

À l’heure où il n’est question que de réduire les dépenses publiques utiles, dans l’éducation, la santé et les services sociaux, le gouvernement persiste dans des choix néfastes au coût exorbitant et apporte sa funeste contribution à la militarisation de l’Union européenne.

Pour le PCF, qui donne rendez-vous à tous les militants de la paix à la Fête de l’Humanité 2017, ce n’est en aucun cas par le surarmement que passe l’avenir de la sécurité européenne, mais bien par la création d’un large cadre européen commun et inclusif de coopération et de sécurité collective dépassant les limites de l’UE actuelle, incluant la Russie et tout pays non membre de l’UE.

Alain Rouy
Commission des Relations Internationales
article paru dans Communistes du 5 juillet 2017